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Life is C O L O R F U L ♥ | Iris

Iris Age : 28
Humeur : Je veux du chocolat ♥

Iris


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message posté le Jeu 18 Aoû 2011 - 19:06 dans Life is C O L O R F U L ♥ | Iris
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I- Humpty Dumpty sat on a wall...

    Prénom et/ou pseudo : Iris, depuis son arrivée dans le rêve. D'origine grecque, ce prénom est inspiré du mot « iridos » qui signifie « arc-en-ciel », c'est un choix d'Astrid. Avant, elle s'appelait Elsa.
    Âge : 16 ans tout juste.
    Origines : Anglaises, darlin' ♥️
    Arrivée : Actuelle, début du vingt et unième siècle donc. C'est la première à être arrivée dans le rêve, étrangement, avant ceux provenant d'une époque antérieure.
    Manie, habitude : Remettre en place son casque autour de son cou, elle ne le quitte presque jamais.
    Groupe : Vert



II- Humpty Dumpty had a great fall...

    Hello !
    I opened my window and whispered.
    How are you ?
    Alone in my room, with no one.
    Morning !
    The morning has arrived, with a heavy downpour.
    Tick-tack.
    Someone please rewind my spring for me.


    Iris, elle est seule. Mais elle ne s'en rend pas compte. A vrai dire, même si elle était entourée d'amis comme autrefois, elle ne s'en rappellerait pas. Oui, Iris oublie tout. Retenir ne serait-ce qu'un simple nom plus d'une journée est pour elle un véritable casse-tête. Parfois, elle ne sait plus si elle a mangé ou pas, du coup elle saute un repas, cause de son corps frêle, presque maladif. Et de sa peau pâle, si pâle. Dans son esprit, tout se mélange, tout se perd, et elle ne le sait même pas. Comment pourrait-elle savoir ? Elle ne le peut pas. Iris est amnésique. C'est un cercle vicieux. Parfois on la plaint, d'autre fois on la protège, sinon on s'en amuse. Il y a tellement de naïveté dans ses grands yeux bleus-verts, tellement d'innocence... On dirait une enfant découvrant le monde. Une petite fille qui n'arriverait cependant pas à apprendre quoi que ce soit de neuf, qui serait enthousiaste face à la moindre petite chose étrange même si c'est la centième fois qu'elle la voit, qui ne saurait correctement différencier le bien du mal. Et les plus cruels en rient, à s'en tordre le ventre, tandis qu'elle les observe de loin, en souriant. Sans comprendre. Personne pour lui expliquer, personne pour l'aider à retenir. Seule et incapable de le voir.

    Iris, elle aime beaucoup de choses. Des choses qui sont en elle, et que rien ne pourrait lui faire oublier. Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas comme on dit.
    D'abord, la musique. Mettre son casque sur ses oreilles, écouter les basses et les guitares survoltées vibrer, la batterie enchaîner des battements encore et encore, le clavier résonner doucement derrière ce fracas, la voix retentir puissamment malgré tout. L'ensemble hurlant dans sa tête, de plus en plus fort, comme pour réinitialiser son cerveau une bonne fois pour toute. Il n'est pas rare de la voir dévaler des escaliers sur un rythme endiablé, ses longs cheveux blonds flottant autour d'elle comme un voile et son Ipod branché à fond. Sorte de drogue en quelque sorte. En moins dangereux, quand même.
    Ensuite, les accessoires. Bracelets, barrettes fantaisies, chaussettes dépareillées hautes ou basses, jupes à pompons, nœuds, dentelles, froufrous, lunettes inutiles, vernis à ongles, dans des tons pastels la plupart du temps, voilà ce qui constitue sa garde-robe. Elle en a beaucoup, car souvent elle oublie ce qu'elle a déjà dans son armoire et ce qu'elle n'a pas. Elle ne connaît pas la mode, suit son propre style. On voit rarement des bagues sur ses doigts fins par contre, elle trouve ça dérangeant (Alors qu'une dizaine de bracelets autour de ses avants-bras, il n'y a aucun problème. Cherchez la logique là-dedans ?). Et puis comme elle n'est pas bien grande, elle arrange parfois ses vêtements elle-même. Effet déstructuré involontaire nous voilà.
    Enfin, le sucré. Le chocolat, les fruits dégoulinants de sucre, les gâteaux, les marshmallows cotonneux, le nougat qui colle aux doigts, les crèmes glacées de toutes les couleurs, les bonbons gélatineux sans goûts mais inimitables quand même, les sucettes à la fraise et au caramel... Elle en a dans toujours à portée de main, que ce soit dans son sac ou dans ses poches, soyez-en sûr. Elle aime bien les trucs « sweet » aussi. Ce qui est mignon en somme, allant de la bête adorable peluche à la table de jardin rose à pois.

    Iris, elle n'est pas parfaite. Car si c'est vrai qu'elle semble mignonne avec son caractère enfantin, elle a nombre de défauts. Déjà, elle est extrêmement maladroite. A la limite du handicape. Il suffit qu'elle se mette à courir une dizaine de secondes pour qu'elle s'étale comme une lamentable carpette sur le sol. Sans compter toute la vaisselle qu'elle a cassé jusqu'à aujourd'hui, les bleus s'étalant sur sa peau à force de se prendre des portes, et autres choses dans le genre. Une catastrophe sur pieds vous dis-je.
    Et puis elle est curieuse, si curieuse. Elle aimerait savoir, comprendre ce qu'on ne prend pas la peine de lui expliquer. Elle ne se rend pas compte que ça ne sert à rien. Alors elle essaye de chercher par ses propres moyens, mais ce n'est pas vraiment concluant. Elle oublie souvent ce qu'elle veut découvrir avant de l'avoir trouvé... C'est ainsi qu'elle se retrouve perdue dans la forêt, sans comprendre ce qu'elle était venue y faire et comment elle pourrait en sortir. Embêtant.
    Ensuite, elle est influençable. On peut lui faire gober n'importe quoi, sa naïveté la perdra. Elle veut tant bien faire, qu'elle se laisse sans problème embarquer dans des affaires improbables. A partir du moment où on lui dit que l'endroit où on l'emmène est un endroit merveilleux, elle fonce tête baissée sans réfléchir. Elle fait confiance à tout le monde. Le Pays des Bisounours bonjour.

    Iris, elle est dans sa bulle. Une jolie bulle, colorée, rassurante, que rien ne semble pouvoir briser. Elle vous sourit, elle est heureuse. Vous pouvez bien rire, ha ! Elle ne comprendra rien, et passera son chemin, inconsciente.

    Et vous, vous aurez l'air fins.


III- All the king's horses and all the king's men...

    Chapitre un.

    Le premier jour d'école. Qui ne se souvient pas de cet instant étrange, mêlant la peur et l'excitation, lorsque l'on franchit pour la première fois les grilles d'un établissement scolaire ? On tient très fort la main de la personne nous accompagnant, on regarde autour de nous avec curiosité, tout en rejoignant la foule d'enfants s'agglutinant dans la cour de récréation. Le 1er septembre 1998, c'était dans ce rassemblant de petites bouilles enfantines que se trouvait Elsa Campbell, 3 ans, son sac-panda sur les épaules et son ours en peluche à la main. Assise sur un rebord de fenêtre, son pouce enfoncé dans sa bouche, elle écoutait distraitement sa maman lui parler à voix basse.

    « C'est bon mon cœur, tu es prête ? Aujourd'hui va être une grande journée, mais tu verras, ce sera super. Tu vas te faire plein d'amis, et on les invitera à la maison si tu veux. D'accord ? »

    La fillette hocha la tête, regardant déjà avec envie les autres enfants se pousser le long du toboggan en plastique. Elle se demandait quand est-ce que sa maman la laisserait aller jouer. Elle avait l'air plus inquiète que la petite fille elle-même. Alors que la jeune femme vérifiait pour la quatrième fois qu'elle n'avait pas oublié de donner un goûter à sa fille, une des institutrices s'approcha et entama la conversation d'un ton jovial. Visiblement, le temps maussade ne semblait pas atteindre sa bonne humeur.

    « Bonjour, je suis Mademoiselle Davis. J'enseigne aux élèves de petite section. Vous êtes la maman d'Elsa ? Oui, ne... »

    La petite fille n'entendit pas la suite, filant déjà à toute allure vers le terrain de jeux, ravie d'avoir trouvé un échappatoire. Ses pas la portaient à travers la courte étendue de verdure, lui donnant l'impression de voler. L'herbe lui chatouillait malicieusement les chevilles. Un grand sourire éclairait son visage tandis qu'elle commençait à grimper tout en haut de l'échelle pour rejoindre ses futurs camarades de classe. Ses petites mains empoignaient chaque barreaux les uns après les autres, souplement, cherchant à aller le plus vite possible. Une fois au sommet, elle observa sa maman discuter anxieusement avec l'institutrice. Ses yeux bleus s'emplirent de tendresse. Elsa aimait sa maman. Elle avait beau avoir tendance à être un peu trop inquiète, elle était aussi gentille, douce, elle lui lisait même des histoires le soir. Une main posée sur son épaule la tira de sa rêverie, et elle tourna sa petite tête blonde pour découvrir une fillette aux cheveux roux et à la peau laiteuse la dévisageant joyeusement.

    « Coucou ! Je m'appelle Lily, tu viens jouer ?

    - Avec plaisir ! »

    « Avec plaisir » était l'expression préférée sa maman. Du coup, la petite fille l'utilisait le plus possible aussi, elle trouvait ça amusant. D'un air enchanté, elle se détourna alors totalement de la cour et suivit sa nouvelle amie dans le toboggan au milieu des cris et des rires. Tout semble si facile pendant l'enfance. On ne s'inquiète de rien, on s'amuse, on vit comme si rien ne pouvait arriver. Ce fut pour cette raison qu'Elsa ne remarqua pas sa maman sortir de l'école d'un pas peu assuré.
    La vie lui semblait si belle.


    Chapitre deux.

    « Elsa ! Ne t'éloigne pas trop s'il te plaît ! »

    Été 2003. Cris de sa maman, comme toujours. La fillette la surnommait maintenant secrètement « Madame Anxieuse ». Elle avait peur tellement facilement, alors que tout ce dont rêvait la petite fille, c'était de croquer la vie à pleine dents. Heureusement que son papa était là pour rassurer un peu la jeune femme, sinon Elsa serait confinée à l'intérieur du matin au soir toute l'année. Au cas où il arrive quelque chose, vous comprenez.
    … Non, vraiment, sans rire, c'était extrême. Enfin, l'enfant avait appris à ignorer les consignes de sa maman lorsqu'elle les jugeait inutiles. Et quand elle voyait son papa acquiescer dans sa direction d'un air sûr de lui. Ce jour-là, les conditions étaient remplies, ce fut donc sans crainte qu'Elsa continua son chemin en direction de la mer. Les grains de sables, brûlants, s'infiltraient entre ses doigts de pieds alors qu'elle avançait de son pas léger. Le vent ébouriffait ses cheveux fins, les emmêlant en des nœuds terrifiants qu'il faudrait ensuite brosser durant de longues minutes. Les oiseaux criaient bruyamment au-dessus de sa tête. Enfin, les vagues froides vinrent lécher ses jambes nues et elle retint un frisson. Un sourire se dessina sur ses lèvres fines, elle serra ses bras contre sa poitrine. Puis en hurlant, elle se laissa tomber dans l'eau glacée de l'océan. Des petits poissons argentés glissèrent tout autour d'elle, vifs, insaisissables, tandis que sa tête s'immergeait totalement sous le liquide clair. Elle sentit son dos toucher le fond. Lentement, elle ouvrit les paupières. Le sel piquait ses yeux, ses poumons réclamaient avec avidité de l'air. Essayant de gagner du temps, elle souffla doucement tout l'oxygène retenu en elle. Des bulles irisées s'échappèrent d'entre ses lèvres. Elle se sentait légère, si légère. Ses cheveux flottaient autour d'elle tels les tentacules d'une méduse. La lumière du soleil éclairait la surface, seule l'écume blanchâtre créait par-ci par-là des ombres désordonnées. Soudain, une main rapide saisit son bras et la remonta brusquement à l'air libre. La fillette prit une grande bouffée d'oxygène et s'entendit tousser, crachotant, surprise d'un retour si brutal à la réalité. La voix furieuse de sa maman surplombait cependant tout cette symphonie de toussotements.

    « Franchement ! Je discutais avec ton père, je me retourne pour voir où tu es, et RIEN ! Juste des bulles s'éclatant à la surface ! Est-ce que tu imagines seulement la frayeur que j'ai eu ! Vraiment, n'importe quoi Elsa, n'importe quoi ! »

    La fillette se recroquevilla sur elle-même, et se laissa entraîner à regret vers la plage. Une fois sur place, sa maman lui jeta une serviette sur les épaules et entreprit de la sécher, sans rien dire. La petite fille n'arrêta pourtant pas de trembler. Étrangement, elle trouvait les silences de sa maman mille fois plus affreux que ses cris. Dix mille fois même. Seulement, elle n'arrivait pas à mettre un mot précis sur ce « affreux ». Lorsque la jeune femme eu terminé de s'occuper d'elle, l'enfant alla se blottir dans les bras de son papa. Elle se sentait coupable, horriblement coupable. Elle ne pensait pas à mal... Elle ne voulait pas inquiéter qui que ce soit. Elle s'était juste dit que la vision du ciel observé du point de vue de l'océan devait être formidable. Elle ne s'était pas trompée, ça avait vraiment été magnifique. Tout aurait été parfait s'il n'y avait pas eu cette culpabilité la rongeant désormais. Gentiment, son papa alla l'aider à construire un joli château de sable avant de partir. Ensemble ils remplirent des seaux entiers de grains humides, qu'ils retournèrent puis décorèrent de beaux coquillages striés de rayures de toutes les couleurs. Mais sa maman, tandis qu'ils rangeaient leurs affaires et tout le long du voyage du retour, garda le silence. Alors, assise dans le fond de la voiture, ses genoux plaqués contre sa poitrine, la fillette murmura tout doucement ce qu'elle venait de comprendre.

    « Le silence de maman est terrifiant. »


    Chapitre trois.

    La vie à travers les yeux d'une araignée solitaire.

    Automne 2007. Jour de pluie, sinistre, l'orage ne semblait pas loin. Dans la maison au toit rouge des Campbell, toutes les lumières étaient allumées. Le paillasson face à la porte d'entée indiquait joyeusement « Welcome ! ». J'étais entrée, donc, je n'allais pas rester sous cette averse. Rapidement, je m'étais faufilée dans le corridor aux murs blancs. Je voulais me trouver un coin tranquille, où je pourrais m'endormir calmement et sans risque de me faire écraser par mégarde. Les coins tout en haut des pièces du premier étage avaient toujours été des endroits parfaits, où que j'aille, quelle que soit la maison choisie. Je m'étais alors mise en quête de l'escalier. Me faisant la plus petite possible, j'avais avancé le long du couloir. J'étais passée à côté de nombreuses salles. D'abord le salon, clair, où régnait en maître un large piano noir laqué qu'une jeune femme utilisait avec une sorte de rage mystérieuse, ses doigts glissants sur les touches avec habilité. Les moulins de mon cœur, de Michel Legrand. Oui, ce n'est pas parce que je suis une araignée que je n'ai pas au moins un peu de culture générale. Pas vraiment intéressée par cette pièce trop bruyante, j'avais passé mon chemin. Mes pattes m'avaient conduites ensuite jusqu'à la cuisine, peinte en rouge depuis peu à en voir la perfection de la couleur des murs. Là, un homme lisait son journal, de fines lunettes posées sur son nez et une tasse de café à la main. Il faisait chaud par ici. Un peu trop d'ailleurs. J'étais donc retournée à ma quête de la salle idéale. J'avais vite abandonné l'idée de la salle de bain, trop humide. Je dois avouer que je suis un peu douillette sur la température. Les larges marches de l'escalier avaient surgi à ma gauche, et j'avais grimpé le long de la rampe pour atteindre l'étage. Le palier était plongé dans le noir, toutes les portes étaient closes. L'une d'entre elles dégageait cependant une vive lumière qui m'attira. Longeant les murs, j'étais alors entrée dans la pièce. Tiède, colorée dans des teintes douces, deux jeunes filles étaient présentes et discutaient à voix basses. Pas assez fort pour que cela puisse causer un quelconque vrai problème de nuisances sonores. Ravie de ma trouvaille, je m'étais donc installée dans un coin et avais commencé à tisser ma toile. Tout en travaillant, j'avais observé mes deux colocataires. L'une d'entre elle, blonde, était allongée sur le lit et regardait des bijoux avec hésitation. L'autre, avec des cheveux roux, était en train de peinturlurer ses ongles avec un vernis vert pâle, assise dans un fauteuil près de la fenêtre. Ce fut celle-ci que j’entendis la première.

    « … Robe magnifique, il faudra que tu ailles voir. »

    La petite blonde, que j'avais reconnu comme Elsa Campbell, avait hoché la tête tout en choisissant un bracelet fantaisie et en rangeant le reste dans un coffret en bois. Son amie avait poursuivi en murmurant encore plus, un sourire moqueur aux lèvres et en attaquant l'ongle de son pouce gauche.

    « Bon, parlons de choses sérieuses maintenant. Tu sors avec Luke oui ou non ? »

    Elsa avait relevé brusquement la tête en rougissant comme une tomate. Ah, l'amour adolescent... Voilà un moment que ça ne m'était pas arrivé. Il faut dire que je suis une vieille araignée. La rousse avait terminé son vernissage d'un coup de pinceau, avait observé la réaction de son interlocutrice, puis avait reprit en haussant involontairement le ton, surexcitée. Me faisant sursauter par la même occasion et rater une partie de mon tissage.

    « Hiiiiiiiiiiiiiii ! Je le savais, je-le-sa-vais ! Ça fait combien de temps ? La semaine dernière hein ? Comment as-tu pu me cacher un truc PAREIL ! Ce garçon est juste trop cano...

    - Chuuuut ! Lily ! Mes parents ne savent pas ! Tu veux ma mort ou quoi ? Je te raconte ce que tu veux, à condition que tu parles moins fort, d'accord ? »

    La dite Lily avait croisé ses doigts devant sa bouche, comme pour faire une promesse, puis avait continué sur le ton de la confidence, tout en soufflant sur ses ongles impeccables.

    « Pas de problème ! Alors, alors ? C'est quoi le truc ?

    - Il m'a demandé, j'ai dis oui, pas de quoi en parler pendant des heures tu sais...

    - Elsa, allez ! Tu es contente quand même ?

    - … Carrément ! »

    Elles s'étaient alors mises à rire comme des folles, et j'en avais profité pour descendre le long de mon fil, histoire d'agrandir ma toile. Je ne pensais pas qu'il y aurait une quelconque réaction, ça me paraissait tellement normal. Pourtant, Lily avait hurlé.

    « Oh là là ! Ici ! Un inseecte !!!!! »

    Elle avait pointé son index bariolé sur moi, elle parlait donc de ma personne. Indignée, j'étais remontée à l'abri dans mon coin. Enfin ! On a pas idée de dire qu'une araignée est un insecte ! Vexée, je les avais laissé s'agiter pour aller m'endormir dans la cage à oiseau vide du salon, bercée par Les moulins de mon cœur.


    Chapitre quatre.


    Hiver 2010. La jeune fille se pressait dans les rues ensoleillées de sa petite ville. C'était d'ailleurs une des rares journées de soleil de décembre. Sa mère lui avait demandé de rentrer pour quinze heures trente, elles avaient rendez-vous chez le dentiste cet après-midi là. Ça ne lui laissait donc pas beaucoup de temps, mais elle avait dit à ses amies qu'elle passerait les voir quand même. C'était donc d'un pas vif qu'elle avait tourné à l'angle de la grande rue, son casque sur les oreilles comme à son habitude, pour rejoindre le centre commercial où l'attendait trois jeunes filles. Lily forcément, plus deux autres qui faisait du basket avec elle et à qui elle parlait de temps à autre. Luke n'était pas venu, signe qu'il lui en voulait encore pour leur dernière dispute. Bah, de toute les manières, elle ne l'aimait plus vraiment. Et puis elle voyait bien que Lily rêvait de se l'approprier depuis des mois... En clair, elle s'en fichait pas mal. En rangeant son Ipod dans sa poche, elle salua tout le monde avec un sourire chaleureux. Sa meilleure amie s'approcha alors d'elle et pointa devant son nez un index accusateur qui la fit reculer.

    « Hey ! J'ai reçu ton message, et je n'arrive pas à croire que tu viens juste pour nous dire bonjour et papoter un peu ! Attend, regarde tous ces magasins, tu ne vois pas qu'ils t'appellent ? Tu ne trouves pas qu'ils semblent dire quelque chose comme « Elsa, Elsa, viens nous dévaliser » ? »

    La jeune fille éclata de rire. Lily avait toujours eu cette façon de voir la vie, comme s'il n'y avait aucun problème, qu'on pouvait faire tout ce qu'on voulait. D'un coup d’œil, Elsa regarde l'heure à la grande horloge murale . Quinze heures. Il lui fallait tout au plus un quart d'heure pour rentrer chez elle, et encore, en prenant son temps. Mais elle hésitait... Si elle arrivait en retard, sa mère s’inquiéterait.

    « Écoute... Je ne sais pas... »

    Ses amies se regardèrent entre elles, puis la coupèrent d'une même voix entendue.

    « C'était pas vraiment une question. Allez, ramène-toi! »

    Alors, sans chercher plus loin, Elsa se laissa prendre par les bras et embarquer vers le centre commercial. De toute façon, elle n'aurait qu'à faire attention à l'heure, tout irai bien. Un quart d'heure de shopping ne pouvait pas la tuer.

    * * *

    En courant, l'adolescente sortie des magasins. L'horloge indiquait désormais quinze heures cinquante. Bon sang, elle n'aurait jamais dû se laisser tenter. Et encore, heureusement que l'une des filles du basket avait une montre sur elle ! Précipitamment, Elsa plongea dans la foule de la grande rue jusqu'à rencontrer le carrefour menant à son quartier. Toujours aussi rapidement, quoique essoufflée, elle descendit le long de l'avenue en pente, puis bifurqua dans l'allée où se situait sa maison. Le toit rouge était un peu défraîchi, mais c'était bien la même que celle qu'avait visité l'araignée. Devant, assise au volant de la voiture et le moteur en marche, sa mère l'attendait. D'un bond, la jeune fille grimpa à l'intérieur de l'habitacle.

    « Désolée, je n'ai pas vu le temps passer... »

    Sans un mot, la femme fit une marche arrière, puis s'élança sur le chemin. Le silence de sa mère était toujours aussi effrayant. Elsa attendit une réaction, ou quelque chose dans le genre. Rien. La voiture bifurqua sur l'autoroute dans le calme le plus total. L'adolescente regarda le paysage filer à toute allure par la fenêtre. Sa mère roulait vite, évidement, puisqu'elles étaient en retard. Les arbres tout autour n'étaient plus que des tâches informes vaguement vertes. Cependant, malgré la tension régnant dans la voiture, personne n'aurait pu prévoir ce qui allait arriver. D'un seul coup, sans prévenir, quelque chose heurta le véhicule sur le côté gauche, l'envoyant valser au loin. Le pare-brise explosa en mille éclats de verre au contact du goudron. La jeune fille s'entendit crier un instant. Elle pensa à sa mère, avec qui elle venait de se disputer, et la trouva étrangement muette pour la situation. Elle vit la portière à sa gauche, complètement défoncée, et le siège vide à côté d'elle. Elle voulut pleurer. Elle n'eut pas le temps. Quelque chose heurta sa tête et le monde ne fut plus qu'obscurité.

    Pendant quelques temps, aux journaux télévisés du soir, on parla de cet accident provenu sur un autoroute banal, causé par un conducteur de camion endormi. On parla aussi de la voiture qui avait percuté le véhicule. On indiqua les deux morts et la blessée grave. Puis l'enquête se termina sur la conclusion que le conducteur endormi avait simplement trop bu, et on oublia. Il est si pratique d'oublier.


    Chapitre cinq.


    Bip. Bip. Bip.

    La jeune fille avait la tête lourde, les muscles endoloris, les paupières closes. Elle n'arrivait pas à trouver le courage d'ouvrir les yeux. Elle se sentait perdue, comme si elle émergeait d'un profond sommeil, sans rêve. Elle avait la curieuse impression d'être vide aussi. Elle se posait tout un tas de questions, qu'elle sentait qu'elle n'aurait pas dû se poser. Ou pouvait-elle bien être ? Et comment s'était-elle retrouvée là ? Qui était-elle d'ailleurs ? Son nom ? Son âge ? Une petite fille ou une grand-mère ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Et essayer de s'en souvenir lui brûlait la tête comme si elle était plongée dans un feu immense, dévastateur. Alors elle tentait de ne pas paniquer, et se raccrochait à ce bruit, comme une noyée à une bouée de sauvetage.

    Bip. Bip. Bip.

    Maintenant qu'elle se concentrait un peu sur autre chose qu'elle-même, elle percevait autre chose que ce son répétitif. Des... Voix ? Non, une voix. Que disait-elle ?

    « … Je suis venu aujourd'hui aussi. Lily s'inquiète pour toi. Elle se sent affreusement coupable tu sais ? Elle dit qu'elle n'osera jamais te revoir. Elle dit qu'elle a trop honte et que de toute façon tu ne pourrais pas la regarder dans ton état. Je pense qu'elle a en partie raison... Mais c'est dommage, je suis sûre que tu ne lui en voudrais pas. Et puis, hier, c'était l'enterrement de... Ta... Mère... »

    Elle sentait des larmes s'écraser sur sa main. Pourquoi ? Qui était sa mère ? Et Lily ? De quoi était-elle visiblement involontairement coupable ? Pourquoi ne voulait-elle pas venir ? Pourquoi ne se souvenait-elle pas de ces noms ? Où était-elle, encore une fois ? Et qui lui parlait ainsi, si tant soit est que c'était bien à elle que la personne s'adressait ?

    Bip. Bip. Bip.

    Il y eut un silence. Les questions se bousculaient encore et encore, mais pas une seule réponse n'arrivait. La jeune fille ne savait plus quoi faire. Elle ignorait tout. Puis la voix retentit à nouveau, rassurante, sans larmoiement. La personne semblait s'être reprise.

    « Je ne peux pas rester, ta grand-mère m'attend. On l'accueille à la maison depuis quelques temps. Mais je reviendrai demain, c'est promis. J'espère que tu vas te réveiller. Je l'espère si fort... »

    Une main chaude se posa sur son front. L'adolescente ne bougea pas. Elle ne pouvait pas. Pas tout de suite. Pas maintenant. Plus tard peut-être. Oui, plus tard, elle essayerait. Là, elle était trop fatiguée. Elle avait trop mal. Elle laissa la voix s'éloigner. Elle se concentra à nouveau sur le bruit répétitif. Elle replongea.

    Bip. Bip. Bip.

    * * *

    Les jours passèrent. Une semaine d'abord. Puis un mois. Mais la jeune fille avait tellement mal. Elle n'arrivait pas à se réveiller totalement. Et tous les jours, elle voyait à nouveau les mêmes questions se présenter dans sa tête, comme si c'était la première fois. A chaque fois, elle redécouvrait la voix, qui lui racontait différentes choses qu'elle ne comprenait pas. Puis vint ce matin, mi-février. Cette fois-là, elle émergea différemment. Elle avait l'impression d'être légère. Elle n'avait aucune douleur, à part un mal de tête inexplicable. Il y avait encore quelques interrogations se pressant dans son esprit, mais elle les ignora facilement. Alors, quand arriva la voix, après les quelques questions habituelles qu'elle se posa sur l'origine de la personne, elle ouvrit les paupières.
    La lumière éblouissante de l'endroit où elle était allongée la dérangea et, tout doucement, elle releva sa main et la posa sur le haut de son crâne pour s'apporter un peu d'ombre. Le silence dans la pièce était parfait. Mis à part le bip continuel, provenant apparemment d'une machine pas très loin d'elle. Lentement, elle tourna ensuite la tête en direction de la voix, et elle découvrit, assis sur une chaise, qui était son interlocuteur. Un homme, avec des cheveux châtains mal coupés. Il avait des yeux bleus également, et des lunettes les cachant à demi. Un sourire éclaira le visage de l'adolescente, et elle lança ses premiers mots depuis des mois sur un ton enthousiaste.

    « Bonjour ! Qui êtes vous, monsieur ? »

    Les yeux de l'homme s'agrandirent, comme des coupelles. Son visage se défit face à la question et à l'innocence du ton. Il semblait avoir perdu la parole. Alors, il appuya sur le bouton noir d'une télécommande. Et d'un seul coup, une dizaine de femmes et d'hommes en blouses blanches se pressèrent autour du lit. En quelques minutes, sa tension fut prise, ainsi que sa température, on lui fit passer divers tests. La jeune fille les laissa faire, souriante, comme s'il n'y avait aucun problème. Comme si le monde tournait à l'envers, et qu'elle seule allait dans le bon sens. Comme si la vie était un rêve. L'homme aux lunettes ne la quitta pas un instant des yeux. Finalement, le soir, un des médecins - car elle avait fini par conclure que tout ce monde était un personnel médical - arriva avec un bon nombre de feuilles, notamment des radios, des résultats de prises de sang et de nombreux graphiques incompréhensibles. Le monsieur aux cheveux mal coupés se leva de sa chaise, se réveillant après un après-midi dans les vapes. Le docteur prit la parole d'une voix grave. La jeune fille se demanda pourquoi les adultes paraissaient si sérieux.

    « Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce serait inutile. Votre fille, il la désigna d'un geste de la main et elle lui fit son plus joli sourire, essayant de lui donner un peu de sa bonne humeur, souffre d'amnésie rétrograde. »

    L'homme avait gardé le silence un moment. Puis avait relancé le médecin, essayant d'y voir plus clair. La malade restait assise dans son lit blanc, sans chercher à s'expliquer quoi que ce soit. Peu importait, elle verrait bien où tout ça la mènerait.

    « C'est à dire ? »

    La voix était basse et grave. L'adolescente aima bien cette voix. C'était celle qu'elle avait entendu le matin même.

    « Je ne pense pas que vous comprendrez quelque chose si je commence à expliquer ceci de façon scientifique... Mais pour être le plus précis possible, l'amnésie rétrograde réduit de beaucoup les capacités d'apprentissage, puisque le malade oubli tout dans un délai allant de quelques secondes à une journée. De plus, une grande partie de ses souvenirs du passé ont été effacé. Dans le cas de votre fille, disons que les trois-quarts de sa mémoire a été détruites. Reste seulement tout ce qui appartient au quotidien, elle est donc capable de parler, de lire, d'écrire, de marcher... Et il semblerait que son délai d'apprentissage soit relativement long puisqu'elle n'a pas l'air surprise de vous voir et d'entendre votre voix, signe qu'elle peut avoir des souvenirs du matin même jusqu'à maintenant, sept heures du soir. »

    La dite malade avait abandonné à la moitié de la tirade. Elle était amnésique ? Voilà qui expliquait beaucoup de chose. Et l'homme à la voix rassurante devait être quelqu'un de sa famille. Son père probablement, en vue de son âge. D'ailleurs, celui-ci avait l'air littéralement effondré. Une moue vexée se fixa sur les lèvres de l'adolescente. Si elle avait su que son réveil ne le rendrait pas si heureux que ça, elle aurait continué à dormir. Il aurait suffit de prévenir ! Les deux hommes continuèrent à parler de leur air dramatique, alors elle se mit à chercher quelque chose d'intéressant dans sa chambre. Elle jeta un regard circulaire sur l'ensemble de la pièce. C'est là qu'elle les découvrit, posés sur la table de chevet. Son Ipod et son casque. Ravie, elle les attrapa, installa son casque sur ses oreilles, et augmenta le volume au maximum. Elle s'enfonça confortablement au fond de l'oreiller dans son dos. Puis se laissa bercer par une chanson aux paroles inconnues, en laissant les grandes personnes s'occuper des histoires compliquées. Oui, des affaires pleines de nœuds, comme ses cheveux.


    Chapitre six.

    « 31 juillet 2011, 10h45.

    Cher journal,

    Ce n'est apparemment pas la première fois que j'écris sur tes lignes, même si j'ai l'impression que si. J'ai lu chaque pages remplies avant celle-ci, et, pour résumé, voilà ce que je peux conclure de ma vie :

    • Je m'appelle Elsa Campbell, j'ai 16 ans.
    • Je suis amnésique, d'où le fait que je sois aussi bordelement perdue.
    • Je vis dans ma maison en Angleterre, avec mon père. Ma grand-mère a été placé à l'hôpital il y a trois jours, après quelques mois passés ici. Pour cause d'hallucinations il me semble.
    • Ma mère est morte dans un accident de voiture. J'étais avec elle. Je suis restée inconsciente un bon moment.
    • C'est mon père qui a eu l'idée de te prendre comme carnet, que je vais devoir placer à côté de moi avant de m'endormir ce soir. Pour pouvoir le retrouver demain.
    • Mes amis ne veulent plus me voir. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Une histoire de culpabilité indéfinissable et de « pas le courage de me présenter tous les jours c'est trop douloureux ». Je me demande bien à quoi ressemblaient mes amis.
    • Je reprends les cours en septembre prochain. Mais qu'est-ce que ça va donner, et qui a eu cette idée stupide ???
    • Mon Ipod est actuellement mon meilleur ami.
    • Mon père m'aide beaucoup. Je l'aime de tout mon cœur. Même si je ne me souviens pas de sa tête.

    Bref, difficile à avaler. Le plus étrange, c'est de ne pas réussir à mettre des visages sur les noms. Et de me dire que j'ai été victime d'un accident dont je n'ai aucun souvenir. Et ma mère est morte juste à côté de moi. Bon sang, j'ai envie de pleurer. J'imagine que ça a dû être comme ça tous les jours. Certaines de tes pages sont illisibles, l'encre a été dilué, je comprends mieux pourquoi. Dire que je me sentais si légère à mon réveil... Maintenant je me sens juste affreusement triste. Il faut que je vois mon père, que je lui parle. C'est visiblement le seul être humain avec qui je discute actuellement. Terrifiant.


    31 juillet 2011, 11h10.

    Je viens de fouiller la maison de fond en comble, elle est vide. Il y a un mot dans la cuisine (où je suis allé en DERNIER, forcément.), signé « Papa » et m'indiquant qu'il doit travailler aujourd'hui et qu'il rentrera vers dix-neuf heures. Il me dit aussi de faire attention à mes trous de mémoires et de garder mon carnet sur moi, au cas où je me réinitialiserais à l'improviste. Super. En attendant, je sais pas quoi faire. Je pense que je vais aller m'allonger et écouter de la musique. C'est ce que je fais d'habitude, d'après ce que je lis. Et puis aucune idée de quoi faire d'autre, je n'ai pas le droit de sortir. Vers midi je me mettrai en quête de pâtes dans les placards de la cuisine. Je pense qu'il va me falloir un moment d'adaptation.

    31 juillet 2011, 13h50.

    Bon sang ! J'ai cru que j'allais mettre le feu à la maison avec des PÂTES ! Déjà, il m'a fallut une demi-heure pour les trouver. Ensuite, je ne pensais pas qu'en faire tomber un peu sur le feu de la gazinière et les laisser trop longtemps à cuire pourrait provoquer un accident. J'ai dû verser mon verre de coca sur la casserole pour éteindre les flammes. Du coup j'ai mangé des nouilles carbonisées au soda. Pas terrible.
    Donc. CECI EST UN AVERTISSEMENT POUR LA MOI DU FUTURE /!\ :

    • Les pâtes sont cachées dans le placard du haut, tout à gauche, derrière les sachets de thé. Mon père ne sait pas ranger une maison, c'est pas possible d'être aussi illogique.
    • Il faut suivre les instructions marquées derrière le paquet ! En général, pas plus de de 12 minutes de cuisson.
    • Une pâte tombée sur la gazinière, près du feu, c'est GRAVE. Il faut l'enlever tout de suite. Ou alors prévoir un extincteur.

    Voilà, pour conclure, j'ai encore faim. Je vais retourner à mon canapé.

    • Nouvelle de dernière minute ! Je viens de dénicher un paquet de bonbons à la fraise. C'est cool. Enfin, il faudra quand même que je fasse attention à ne pas en remanger immédiatement demain, je n'ai pas envie de devenir une baleine sans faire exprès.

    31 juillet 2011, 19h30.

    Je me sens mal. Déjà, manger des bonbons m'a donné encore plus faim. Ensuite, j'ai relu ce journal pour voir. Je n'aurais pas dû, j'ai eu l'impression que ma mère me regardait toute l'après-midi et je me suis mise à pleurer comme une idiote. Dire que je ne la connais même pas. Je ne la connais même plus, en fait. Et cet accident me tue, j'ai l'impression que c'est de ma faute, je ressens comme un drôle de sentiment quand j'en entends parler. Mon ventre se noue, ma gorge se serre. Et pour couronner le tout, mon père n'est pas là. Il a une demi-heure de retard, apparemment ce n'est pas dans ses habitudes. Et il semblerait qu'il boit pas mal en ce moment. Qu'il fasse moins attention à moi. Je ne l'avais pas remarqué à ma première lecture. Il ne peut pas m'abandonner, hein ? Je me sens mal mal mal mal mal mal mal mal.
    Bref, je vais essayer de me refaire cuire des pâtes. En priant pour que mon père arrive à un moment ou à un autre. Faite qu'il soit juste en retard.

    31 juillet 2011, 22h58.

    Mes pâtes avaient un goût atroce, j'avais oublié de rincer la casserole. J'ai allumé la télé. Deux amants se disputent, leurs cris m’agacent plus qu'autre chose et je n'écoute pas vraiment. Je vais bientôt éteindre. Mon père n'est toujours pas là. Ma tête semble prête à exploser. Qu'est-ce que je vais devenir, si l'unique personne au monde pensant encore un peu à moi me laisse tomber ? Je garde mon Ipod à portée de main, c'est mon point de repère actuellement. Je gravite autour, comme une planète avec le soleil. Au secours, je deviens folle.

    1 août 2011, 00h03.

    Toutes les lumières sont éteintes. J'ai fais un feu dans la cheminée, tentative désespérée de me rassurer, échouant lamentablement. Je suis seule. Pourquoi suis-je seule ? Mon père n'est pas rentré. Je sais qu'il ne rentrera pas. Jamais. Plus je te relis, plus je me dis que j'aurais dû m'en douter. Et je te déteste, stupide journal. Pire, je te hais. Sans toi, je ne me serais rappelée de rien, je serais restée heureuse, je ne me serais pas rendue compte à quel point je suis seule. Donc j'ai pris une décision. Je vais faire deux choses. Les deux choses les plus utiles de ma journée. Peut-être de ma vie, aucune idée.
    Déjà, je vais te balancer au feu. Page après page. Je vais attendre que tu sois entièrement calciné, que tu ne sois plus que des cendres.
    Ensuite, je vais m'endormir. Et demain matin, j'aurai tout oublié. Je ne me souviendrai plus de rien. Je serai heureuse, je n'aurai plus de problèmes. Voilà.
    Prends moi pour une lâche si tu en as envie. Je m'en fiche. Tu ne peux pas savoir comme il est difficile de se souvenir. Ça fait si mal. Si mal. Et savoir que je pourrais endurer ça jusqu'à la fin de ma vie me fait peur, horriblement peur. La douleur est tellement vive, je n'y arrive pas. Je suis désolée. Désolée pour toi, qui va finir brûlé. Pour mon père, si jamais il revient. Pour ma mère, dont je ne me souviendrai probablement plus jamais. Pardonnez-moi... »

    Les yeux embués de larmes, la jeune fille ferma le journal et posa son crayon. Ensuite elle se rapprocha de la cheminée. Encore, et encore. Elle avait l'impression que ses jambes n'étaient pas plus solides que du coton. Ensuite, le visage grimaçant, elle jeta le carnet. Elle observa un instant les flammes avaler ses uniques souvenirs. Puis elle se détourna. Elle installa son casque autour de son cou, relié à sa musique, et se roula en boule sur le tapis du salon. Elle ferma les yeux. Dix minutes s'écoulèrent, interminables. Les secondes semblèrent durer des heures, s'attardant affreusement. Enfin, l'adolescente plongea dans le monde du sommeil.
    Et Elsa ne fut plus Elsa.


    Chapitre sept.


    La jeune fille ouvrit les yeux sur le noir. Total. Elle se demanda ce qu'elle faisait là, qui elle était, d'où elle venait, mais elle laissa rapidement tomber les questions se bousculant dans sa tête. Elle se sentait sereine. Elle ne voulait pas gâcher ce sentiment de calme. Dans son esprit, la vie n'était pour elle plus qu'une sorte de rêve immense, magnifique. Et elle conclut que cette page noire n'était que le commencement de son songe. Au bout d'un moment, une petite fille en fauteuil roulant apparu devant elle, les mains pleines de jolis crayons de couleurs et illuminée d'une douce lumière blanche. D'une voix chantante, l'enfant prit la parole.

    « Veux-tu jouer avec Astrid ? »

    Une question, toute simple. Une de plus pourrait-on dire. Puis les crayons se mirent à tomber, un par un. Du rouge. Du orange. Du jaune. L'adolescente se demanda pourquoi elle laissait se perdre dans l'obscurité d'aussi adorables crayons de couleur, avant de dessiner sur ses lèvres un grand sourire et de répondre d'un air ravi à l'interrogation.

    « Avec plaisir. »



IV- Couldn't put Humpty together again.

    Pseudo : Mint ♥️
    Comment avez-vous trouvé ce forum ? Il y a longtemps, en cherchant sous un verre de diabolo menthe.
    Avez-vous des suggestions pour l’améliorer ? Hm, IE ne lui réussit pas, mais sinon... Tellement chou ! Life is C O L O R F U L ♥ | Iris 194563
    Avez-vous des remarques à faire ? [Code validéééé par la déesse suprême 8D] Et puis moi j'aime les pandas, voilà.


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Astrid Age : 31
Humeur : Changeante.

Astrid


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message posté le Lun 22 Aoû 2011 - 21:10 dans Re: Life is C O L O R F U L ♥ | Iris
• • • •
    « Pour toi, qui cherche une vie plus simple dans un champ de fleurs, Astrid choisit le VERT. »



No coment pour la phrase pourrie, je m'en voulais de te faire attendre T__T
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Iris Age : 28
Humeur : Je veux du chocolat ♥

Iris


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message posté le Sam 27 Aoû 2011 - 20:03 dans Re: Life is C O L O R F U L ♥ | Iris
• • • •
    Pour au moins la milliardième fois, la jeune fille ouvrit les yeux. Elle a l'impression que c'est la première. Ses paupières se relevèrent lentement sur un paysage étrange. Des... Ruines ? Oui. Des colonnes brisées, des pierres s'étalant sur le sol. Le ciel avait une teinte rosée et l'endroit en lui même était désert. De plus en plus bizarre. Vaguement, elle essaya de se souvenir de son prénom, de son âge, mais rien ne lui vint à l'esprit. Et quelque chose, un pressentiment, fit qu'elle abandonna bien vite. Comme s'il y avait une barrière dans sa tête, et qu'elle décidait sagement de ne pas la franchir. Comme s'il y avait un vide dans sa poitrine et qu'elle décidait consciemment de le laisser tel quel, de ne pas y toucher. Sens interdit, défense d'entrer. Travaux.
    Doucement, elle se releva, débarrassant ses vêtements de la poussière. C'est là qu'elle remarqua deux choses. Tout d'abord, une petite marque verte sur sa cheville droite. Vert, vert... Cette couleur lui disait vaguement quelque chose. L'image d'une petite fille en fauteuil roulant s'imposa aussi, comme gravée dans sa mémoire au fer blanc. Ayant l'impression de se fatiguer pour rien, elle laissa tomber pour ce concentrer sur sa deuxième découverte. Dans sa poche, un papier, roulé et retenu par un ruban émeraude, dépassait. Curieuse, elle défit la bande de tissu et observa la carte qu'elle avait devant les yeux. Car oui, il ne faisait aucun doute que cette chose était une carte. Le Volcan, les Montagnes... Ces noms ne lui disaient strictement rien. Elle quitta donc des yeux les routes sinueuses tracées avec des feutres de toutes les couleurs, pour regarder le texte. Tout en haut, se trouvait les informations qu'elle désirait (presque) depuis son réveil.

    « Tu t'appelles Iris, tu as 16 ans, ton groupe est le Vert. »

    Voilà qui éclairait sa lanterne. Une sorte de soulagement la parcouru. Elle savait au moins encore lire, c'était une bonne nouvelle. Enfin, tout en bas, à droite, d'une écriture fine et un peu plus soignée, il y avait une phrase. La jeune fille l'observa un instant. Puis un sourire se dessina sur ses lèvres, et elle se mit en marche d'un pas tranquille. Elle ne savait pas où elle se rendait. Ni pour quelles raisons. Mais elle y allait. La carte et les informations l'aideraient.

    « Pour ne pas perdre la tête. »
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Astrid Age : 31
Humeur : Changeante.

Astrid


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message posté le Sam 27 Aoû 2011 - 20:54 dans Re: Life is C O L O R F U L ♥ | Iris
• • • •
    Brave petite Iris ♥ Je l'aime ♥ Même si elle aurait dû atterir dans sa chambre vu qu'elle arrive la première, mais c'est pas grave XD On peut toujours dire qu'elle avait de nouveau tout oublié et que pour elle, c'était la première fois qu'elle entrait dans le rêve (enfin, un truc du genre, OSEF o\)

    Validée VERT ! =3
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message posté le dans Re: Life is C O L O R F U L ♥ | Iris
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