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It's ringing in my head. [Astrid]

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message posté le Sam 29 Mai 2010 - 23:52 dans It's ringing in my head. [Astrid]
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    [ Kof kof kof, en espérant que ça te convienne o/ ]

    Aiko déambulait depuis longtemps. Son pas semblait lourd, difficile. Sa respiration lui sifflait dans les oreilles. Il ne comprenait pas grand-chose, à vrai dire. Depuis qu'il était sorti de cette pièce, tout lui semblait confus. Il errait d'une pièce à l'autre, d'une bizarrerie à une autre bizarrerie. Il avait croisé des gens, et ils avaient également, même si il ne l'avait pas forcément vu, une couleur ancrée dans la tête. Ils devaient tous savoir qu'ils y appartenaient. Savoir qu'ils étaient de cette sorte là et pas d'une autre. Ils étaient triés, classés, rangés, catégorisés, par couleur. C'était pire que des numéros. En y réfléchissant, Aiko aurait préféré être un numéro. Un numéro, si impersonnel soit-il, est quelque chose d'unique. Dans une série de nombres, il n'y a pas plusieurs un ou plusieurs deux. Et ils ont au moins cette impression de s'appartenir à eux-mêmes. L'adolescent ne se possédait déjà pas avant, mais avec cette couleur, il n'était plus le maitre de rien. Il avait l'étrange et sale impression que ce n'était pas lui qui commandait. Presque ses pensées, il ne les commandait pas. Ca l'énervait, c'était certain. D'ailleurs, à l'occasion, son poing heurtait un mur, un objet.

    Voyons, Ai, ne t'énerve pas ma belle, tu vas t'attirer des ennuis.

    Excédé, hors de lui, il plaqua ses deux mains sur ses oreilles en insultant à voix haute Akio qui semblait vouloir lui mener la vie dure. Plusieurs personnes se retournèrent, riant en passant devant lui. Eh bien quoi ? Un garçon à moitié fille qui hurle en se tenant la tête alors qu'il est tout seul, ça prête à rire, non ? Des filles gloussèrent, un peu plus loin, et ce bruit lui parut absolument insupportable. Sa tête lui faisait mal, alors il fallait faire silence. Et rien que des rires, c'était amplifié. Il devait faire bien pitié, appuyé contre un mur, la tête dans les mains, mâchant frénétiquement un chewing-gum qu'on n'apercevait jamais, à murmurer des choses, des menaces, avec un regard digne d'un psychopathe. Les doigts resserrés sur ses cheveux, il aurait été capable de se les arracher, si un son de clochette ne lui avait pas déchiré le cerveau. Si le mur n'avait pas suffit à le rattraper, il se serait sans doute écroulé. Voilà qu'Akio jouait les boites à musique. Ignorant les gens, les objets ou même les monstres qui auraient pu se trouver là, il se mit à parler, à grands renforts de gestes :

    - Ecoute-moi bien ! Je sais pas ce que tu fabriques mais tu vas arrêter ça tout de suite ! J'en sais rien, hein, mais c'est pas marrant ! Je sais pas ce que je fais ici, j'en sais rien ! A cause de toi, je suis même classé chez les fous ! Comment je vais faire ? Mais comment je vais faire ? Arrête cette cloche ! Je t'en supplie arrête cette cloche ! Pour l'amour de ce que tu veux ! De ton ami... ? Arrête...

    Mais inlassablement, le même son strident, désagréable, résonnait dans sa tête. Il avait même l'impression avec le temps, avec les secondes qui défilaient, que le son devenait plus insistant. Comme si la mélodie -la cloche- se mettait en colère. Ce qui était impensable, comment une cloche pouvait-elle s'énerver ? On n'avait pas dû le mettre au courant de toutes les règles, le pauvre. Lui qui venait d'arriver, ne pouvait pas savoir que ce son de cloche ne cesserait que quand il se rendrait vers Astrid. Aiko, plié en deux dans un coin, se croyait de plus en plus fou. Ca l'épuisait, l'usait. Déjà vieux avant d'avoir été jeune. Et dans sa tête, on faisait la fête. Akio chantait à tue-tête pour accompagner les clochettes, celles-ci s'énervaient et s'impatientaient. A voir l'air tranquille des gens qui passaient, il était le seul à les entendre. Pourtant, il avait l'impression qu'ils hurlaient plus fort que tout ce qui était censé. Comment les autres faisaient-ils pour ne rien entendre ? Enfin, tout était tellement amplifié que même le bruit de ses dents claquant les unes contre les autres lui paraissait insupportable.

    Pauvre folle !

    Et ça chantait, ça hurlait, il avait même l’impression qu’on le piétinait. Et toute cette guerre, ce chamboulement, cette fanfare, ne troublait en rien le silence de la pièce, troublé seulement par des bribes de voix, de conversations, de rires. Au bord de l’implosion, Aiko se releva rageusement, marchant comme un automate sans savoir où même il allait. Il se contentait de suivre son instinct. Avancer. Tourner. Encore. A mesure que son subconscient le guidait, les clochettes semblaient se calmer. Il en aurait joui ! Mais le fait était qu’il ne savait pas où il allait. Mais quelle importance, si ça ravissait les choses dans sa tête ? Plein d’espoir, un demi-sourire sur ses lèvres de fille, il continua d’avancer, bien décidé à faire cesser le vacarme qui régnait là-haut. Si il avait été avec des amis, à une soirée trop arrosée, il aurait compris. Mais le fait était que ce n’était pas le cas.

    Tout en continuant d’avancer, Aiko se disait qu’il aurait de la chance si il ne sortait pas complètement sourd ou fou de cette expérience. Il remarqua aussi qu’il était en train de traverser toute la maisonnée, d’un pas décidé et serein, alors que -il faut le dire- il était complètement paumé. Haussant les épaules, les mains dans les poches, de l’air dans la bouche et des cloches dans la tête, il avançait, tel un conquérant. Conquérant de quoi ? De la folie ? Oh oui ! Cette pensée lui arracha un sourire. Un sourire félin sur des lèvres fines. En se rendant compte à peu près d’où il allait, il remarqua qu’il avait dû descendre beaucoup de marches. Il s’arrêta un instant, et le son sembla encore s’intensifier alors il se remit en route, promettant silencieusement de ne plus réfléchir. Apparemment, On savait où il allait.

    Encore quelques pas et il s’est retrouvé la main sur la poignée d’une porte. On eût dit qu’il était sur le point de l’ouvrir, ce qui arriva fatalement. Il se retrouva dans une pièce, une pièce étrange où quelqu’un déambulait. A la regarder, il reconnut celle qui l’avait classé parmis les fous. Ainsi, c’était finalement elle qui l’avait appelé ? Et il l’avait fait attendre, en plus. Mais en se souvenant de ce qu’elle avait fait de lui, du supplice qu’il venait de subir, sa colère monta d’un cran. Il serra les poings et dit d’une voix grave, contenue, énervée :

    - C’était quoi ça ?

    Puis il fit quelques pas sur le côté, toujours sur ses gardes. Son regard de cendre fixait la personne d’un regard dur, froid et méchant. La folie était presque écrite sur ses pupilles.

    Sorrow made you.
    the GazettE - The Invisible Wall.
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message posté le Dim 30 Mai 2010 - 12:38 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    Astrid s’ennuyait. Comme d’habitude en fait. Elle était seule dans sa pièce, elle n’avait pas envie d’aller jouer dehors malgré le temps magnifique qu’elle avait créé, elle ne savait pas quoi faire, elle restait là sans bouger. Enfin, elle lâcha un soupir et fit le tour de ses couleurs pour voir ce qu’elles faisaient. Ça manquait sérieusement d’animation mais, curieusement, elle n’avait pas envie de créer une catastrophe. Elle était d’humeur morose et passa en revu toutes les couleurs en quête d’une idée. La première fois, elle passa devant Aiko sans le voir. Puis elle fit volte-face dans sa tête et le regarda plus attentivement. Le pauvre devait beaucoup souffrir… Astrid n’avait jamais entendu de voix mais ça devait vraiment être horrible, elle ne supporterait pas que quelqu’un dont personne ne pouvait la protéger s’immisce dans sa tête. Elle ne se rendait pas compte que c’était exactement ce qu’elle faisait subir à ses couleurs…

    Elle décida de lui parler et fit apparaître une clochette dans sa main qu’elle fit tintinnabuler tout d’abord doucement, puis, voyant qu’il ne réagissait pas, de plus en plus fort. Pourquoi résistait-il ? C’était insupportable ! Un sifflement sourd s’échappa de ses lèvres puis s’arrêta net. Peut-être ne comprenait-il pas ? Alors elle le guiderait.


    « Laisse-toi guider, petite couleur… »

    Oui, laisse-toi guider, laisse tes pieds avancer à ta place, ne réfléchis pas. Le jeune homme arriva enfin devant la salle, elle regarda la poignée tourner avec un sourire satisfait. Aiko pénétra dans la pièce sombre dont les lumières s’allumèrent à son passage. Elle le fixa comme lui la fixait, elle trouvait cela fort amusant.

    « C’était quoi ça ? »

    La colère dans sa voix la fit sursauter mais elle se reprit bien vite. Elle s’approcha de lui dans son fauteuil roulant et lui tendit la main. Il pouvait la saisir, ou bien partir et la laisser seule dans son ennui. De toute façon, même si elle serait fâchée, il y avait bien d’autres couleurs avec lesquelles s’amuser. Seulement…

    « Je voulais te parler. »

    Il y avait un soupçon de regrets dans sa voix. Peut-être que cela allait l’inciter à rester… En effet, Astrid n’avait pas pour habitude de regarder de nouveau la vie de ses couleurs, de voir ce qu’il se passerait APRÈS. Elle avait voulu revoir ce garçon, celui qui l’avait rejeté. Lui aussi avait un passé difficile, peut-être aurait-elle pût l’inviter dans son rêve ? À présent, elle regrettait amèrement sa gourmandise… Si Aiko n’était pas venu ici, tout ce serait arrangé pour lui. Il souhaitait lui présenter des excuses. Astrid trouvait ce mot étrange, « excuse ». Elle n’avait, pour ainsi dire, jamais demandé pardon à qui que ce soit. C’est stupide, ça ne sert à rien, le mal est fait de toute façon. Mais peut-être qu’Aiko aurait été heureux. Même si ça ne se voyait pas vraiment, Astrid voulait que ses couleurs soient heureuses. La main toujours tendue, elle attendait. Que décideras-tu, petite couleur ?


[Oui, j'aime beaucoup <3 et, argh, moi c'est super couuuuurt O__O]
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message posté le Dim 30 Mai 2010 - 13:36 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    Le pauvre ne comprenait pas. Toute sa vie, il n'avait pas compris. Mais pour une fois qu'il commençait à tenir la vie, du bout des doigts, elle s'échappait à nouveau, et il se retrouvait là. Sans aucune raison, en plus. Aiko ne voyait aucune raison à cet enlèvement. Pourquoi elle avait fait ça ? Et pourquoi il avait dit oui ? C'était la plus grande question qui subsistait. Pourquoi diable avait-il dit oui ? Le bruit était tellement insupportable, tellement fort, qu'il aurait fait n'importe quoi pour que ça cesse. N'importe quoi. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond dans sa tête, et ici ? Qu'était-ce encore que ce monde de fous, ou on allait le bercer d'illusions et l'abrutir de mensonges pour qu'il se taise, comme un automate ? Qui était cette fille, cette petite folle qui essayait de le rendre plus démentiel qu'il ne l'était déjà ? A faire sonner dans sa tête des clochettes, plus venimeuses que n'importe quel serpent, et à l'appeler où bon lui semblait, comme si il n'était rien. Et pour qui ils se prenaient, les autres couleurs ? Sous classés, déplacés, retirés à leur aujourd'hui, déportés comme des animaux, triés en classe, selon leur caractère ou ce que la vie avait fait d'eux ? Ils étaient qui, pour avoir l'air si bien ? Ils pépiaient, hurlaient, riaient, parlaient, ressentaient comme si tout était normal. Etait-il le seul à se poser des questions ? C'était ça qui l'attendait ? L'absence totale de jugement, d'impression, de personnalité ? Mais ils avaient l'air heureux, ce n'était peut-être pas plus mal. C'était peut-être un énorme avantage qu'ils avaient là. Libérés de la vie et de ses interrogations futiles, libérés des déceptions et des fausses-joie qui faisaient si mal au cœur. Et devant ses yeux, se rejouait inlassablement la scène, là où on lui avait craché dessus, avec dégout et mépris. C'était comme un poignard. Un poignard aiguisé, à la lame dorée, avec des airs de faux-ami. Un poignard masqué, camouflé par la joie et la fausse affection, la tendresse méprisante et les accolades redoutées. Et lui, pauvre petite fille aveugle, n'avait rien vu. Il avait continué de danser, découvrant avec bonheur les plaisirs futiles et passagers de la vie. Le soleil lui envoyait ses doux rayons par vagues immenses, et l'orage s'était abattu. Le frappant et le malmenant sans répit, lui crachant ses gerbes d'eau coléreuse au visage, l'assommant de ses éclairs furieux, zébrant son ciel chargé de larmes.

    La voix de la petite fille lui paraissait comme un écho lointain, alors qu'il nageait péniblement dans l'océan des souvenirs. Sa voix n'était qu'un bruit vague, familier, qu'il ne voulait pas rejoindre, tout en le désirant. La colère l'avait quitté, ne laissant plus qu'un pauvre pantin désarticulé, démonté. A la place de la fureur, des éclats de douleur qu'il lui restait dans le ventre peu avant, il n'y avait plus que du vide. Un grand vide, immense et accueillant, où il était tenté de plonger comme dans une piscine turquoise, un jour de grand soleil. Aiko s’enfonçait dans le vide cotoneux qui lui faisait place, un air profondément ahuri sur le visage, sans doute. A le voir, on aurait dit quelqu’un que l’on avait surpris, avant de le figer dans sa surprise pour l'empêcher de s'en défaire. Son regard semblait perdu, lointain, ses yeux noirs ne regardaient pas ce qu'ils avaient devant eux. Il voyait plus loin que le monde lui-même. Mais soudain, une brèche, une faille, autour du vide blanc et épais qui l'entourait, lui révéla la réalité. Une réalité factice, le sol bétonné, lacéré par la pluie, sur lequel il allait s'écraser. Et toujours, cette voix vague, lointaine, alors que la fille avait cessé de parler.

    " Je voudrais te parler "

    Aiko secoua la tête, comme si on venait de le réveiller d'un violent cauchemar. Totalement déboussolé, il n'était plus en colère, il n'était même plus triste. A cet instant, il n'y avait rien qu'un immense vide, un trou profond. Il ne ressentait rien. Il ignorait si c'était elle qui avait crée ça, ou si il était seulement en train de sombrer plus loin encore dans les méandres de la folie, mais rien n'était important. Et surtout, ce qui lui fit un bien atroce, c'était Akio. Tout autant déboussolée, la voix ne disait plus rien. Aucune remarque acerbe, aucun sifflement hautain. Ce n'était que sa conscience qui lui hurlait au visage, mais ne pas l'entendre lui donnait le sentiment d'être humain. Si c'était Astrid, il la remerciait du fond du coeur.

    Rancoeur effacée, colère oubliée, il sourit à la petite fille en fauteuil et serra sa main vigoureusement. Etrange revirement de situation. Mais à présent, il avait l'air plus serein. Ca n'allait sans doute pas durer, mais tant qu'on laisserait sa tête se reposer, ça irait mieux. En regardant sa main serrer l'autre, il avait l'impression de n'avoir pas maitrisé son corps depuis des années. Un sentiment très revigorant. Après avoir fini ses salutations, il s'avança un peu plus dans la pièce, un sourire rêveur aux lèvres, le regard curieux, observateur.

    Il fit le tour du propriétaire, silencieusement, consciencieusement, avec intérêt, sans se soucier d'autrui. Pour une fois qu'il était le seul à compter. Même sa mâchoire ne s'acharnait pas frénétiquement sur quelque chose d'imaginaire. Ce rêve, cette réalité à laquelle il appartenait maintenant, était peut-être plus une chance, finalement. Peut-être qu'en bas, rien n'aurait fait taire ce qui braillait à longueur de journées. Même le plus intense des bonheurs n'était rien, comparé à l'apaisement qu'il ressentait là. Il ne savait pas, lui, qu'on l'attendait avec désespoir, qu'on s'inquiétait pour lui, en bas. Ce n'était plus important, pour les minutes à venir.

    Après avoir bien inspecté les lieux, il se tourna de nouveau vers le fauteuil roulant, un sourire aimable ornant toujours son visage délicat. Quelque chose clochait. Mais tant pis, il ne le savait pas. Son pseudo-bonheur sonnait faux et avait des airs d'agonie, mais qu'importe, il ne le voyait pas. Peut-être même que, d'un certain angle, son sourire hurlait de douleur. Ses yeux sombres couvaient la fillette des yeux, l'observant avec calme. Il était un peu redevenu cette gamine, qui se voile la face pour continuer de croire à un mensonge. Qui espère en silence des lendemains meilleurs, tout en s'enfermant dans l'idée qu'elle est heureuse. Une joie éphémère, un sentiment envolée, et voila qu'il ne connaissait plus le silence, elle qui l'avait détesté. Elle avait détesté ces silences, ces interrogations en suspens, mais maintenant qu'on ne les lui laissait plus, il aspirait au silence.

    S'intéressant enfin à l'objet de sa visite, il reprit la parole, d'une voix détendue :

    - Oui, je t'écoute ? Que voulais-tu ?

    A peine dit qu'il se détourna de nouveau, laissant son regard admirer le soleil rayonnant qui les baignait de chaleur. C'était un temps magnifique, mais il sentait le mensonge. L'artéfact, le sur-fait, le refait, le réchauffé, le faux. Pas grave, ils brillaient tous dans leur mensonge. Aiko, de ses yeux devenus rieurs, cherchait au loin une silhouette, quelqu'un qui courait, qui jouait, qui souffrait, quelqu'un. Mais il n'y avait personne. Comme si cet univers aseptisé était désert, et qu'on mettait des hologrammes sur son chemin, pour qu'il croit qu'il n'était pas seul. Qui pouvait dire qu'il ne parlait pas tout seul ? Il l'avait tellement fait, après tout.

    Chérie, je suis rentré.

    Avec sadisme et méchanceté. Alors que le pauvre se crispait comme un damné.


    Je retrouve dans un sourire, la flamme de mes souvenirs.
    Anastasia - Loin du froid de décembre
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Astrid Age : 30
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message posté le Mer 2 Juin 2010 - 16:55 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    Astrid regarda le jeune homme de ses grands yeux noirs. Il semblait différent d’un seul coup. C’était peut-être pour cela qu’elle l’appréciait, elle était toujours surprise par son comportement. Elle pensait qu’il aurait avancé sa main lentement, avec prudence. Mais non, il lui avait adressé un sourire reconnaissant, comme si elle venait de lui ôter un poids, et lui avait serré la main comme on dit bonjour dans certaines contrées. C’était étrange cette manière qu’il avait de regarder les choses autour de lui, on aurait dit qu’il les admirait. Astrid n’avait jamais eu ces étoiles dans les yeux. Son sourire avait toujours été malsain, faux.

    « Oui, je t'écoute ? Que voulais-tu ? »

    Il disait cela, mais il pensait à autre chose. Elle aurait pût ne pas répondre il ne l’aurait pas remarqué. Alors elle ne répondit pas. Elle sourit. Et d’un seul coup, elle n’était plus là. Ni jeune fille, ni fauteuil roulant, Aiko se retrouva seul, absolument seul. Seul avec lui-même.

    « Maaaman ? Maman où es-tu ? »

    Un rideau se mit à bouger, comme si quelque chose se débattait derrière, cherchant le bout du tissu à tâtons. Il finit par s’ouvrir sur un couloir tout noir, comme s’il n’y avait rien au bout, et une petite fille d’une dizaine d’année entra dans ce qui semblait être le salon de sa maison. Elle fit un pas dans la pièce, tournant la tête de tout côté comme pour chercher quelque chose. Ou quelqu’un. En apercevant Aiko, elle se mit à sourire. À bien y regarder, elle ressemblait à Astrid. Et le yukata qu’elle portait alors devait avoir été créé pour qu’Aiko se souvienne de ses origines… Ou peut-être pas, qui sait à quoi elle pensait alors ?

    Elle commença à courir dans sa direction, ses pieds nus claquant sur le sol. Elle s’arrêta à un mètre de lui et, toujours ce même sourire accroché au visage, elle le salua en se penchant en avant. Puis elle lui prit le bras en riant, comme si elle pouvait être heureuse. Peut-être imitait-elle celle qu’elle était auparavant, peut-être avait-elle déjà été heureuse ? Elle l’amena face à un mur étrangement barbouillé. En s’approchant, on pouvait distinguer sept couleurs alignées. Elle lui lâcha la main et prit un pot de peinture qu’elle lui tendit.


    « J’ai commencé à faire un arc-en-ciel, un bel arc-en-ciel de toutes les couleurs ! Dis, tu vas m’aider à le finir ? Ne pars pas avant qu’il soit fini, hein ? Tous ensemble, on va faire un arc-en-ciel de bonheur, on sera tous heureux ! »

    En disant ces mots, Astrid sentait une grande chaleur dans son cœur. Oui, elle croyait en ces mots, elle savait qu’ils étaient vrais, ils étaient l’espoir. Elle ne se rendait pas compte que cet espoir trop grand se métamorphosait peu à peu en folie, les couleurs dans son cœur devenaient floues, se mélangeaient avec le noir…

    « Ça sera tellement mieux qu’avant, avant c’était nul, les couleurs n’étaient pas là… Il n’y avait que du gris partout, c’est triste le gris. Mais nous, on sera heureux tous ensemble ! Je veux que tu sois heureux avec moi, d’accord ? »

    Oui, soit heureux avec moi, moi qui ne veux que ton bonheur petite couleur. Laisse ta vie s’écouler entre les mains d’Astrid, laisse la souffrir à ta place, laisse la mourir à ta place, laisse la te protéger comme ta mère ne l’a jamais fait. Laisse ces paroles entrer dans ta chair et s’imprimer jusque dans tes os. Soit à elle, Astrid n’abandonne jamais ses jouets, elle les aime toujours, pas comme ces enfants stupides qui ne pensent qu’au futur. Car le cœur d’Astrid appartient au passé, elle est triste pour ceux qui s’en vont. Et elle sourit à ceux qui restent.

    Reste.


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message posté le Mer 2 Juin 2010 - 23:04 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    Akio disait ça comme un mari rentre après une dure journée. Et le jeune homme percevait clairement le plaisir sadique qui se disséminait dans le timbre de voix utilisé. Si ses yeux n'avaient pas été secs, il aurait sûrement pleuré. Mais les larmes ne traçaient plus de sillons sur ses joues. Ses yeux n'étaient plus que des puits sans fond et sans eau, des rivières asséchées, une mer constamment à marée basse. Ainsi, il était de retour. L'éclat du soleil paraissait tout de suite moins intense. L'astre jaunâtre brillait moins. Et de secondes en secondes, le monde paraissait de moins en moins beau. A un tel point que ce n'était pas sa tristesse qui en était la cause.

    Détachant le regard de l'horizon immobile et immuable qui s'offrait à lui, il constata avec stupeur que la salle était vide. Le fauteuil roulant avait disparu, Astrid également. Surpris, il fronça les sourcils. Reculant de la fenêtre, il allait commencer à la chercher, au cas où elle se serait cachée. Quelques instants, il se demanda même pourquoi. Pourquoi est-ce qu'il persistait à vouloir la trouver alors qu'elle n'était plus là ? Pourquoi est-ce qu'il avait l'impression que c'était important, qu'il devait la chercher ? On aurait dit qu'il voulait jouer avec elle, alors que non. Si il la cherchait, il rentrait dans son jeu. C'était sans doute ce qu'elle attendait de lui. Interrompant sa réflexion, quelque chose bougea derrière un rideau. Ah, il l'avait trouvée !

    - Maaaman ? Maman où es-tu ?

    Frisson glacial. Que ? Aiko était sûr que c'était réel. Ce n'était pas dans sa tête. Il en était intimement persuadé. Cette voix ressemblait à celle d'une enfant. Une petite fille. Il pâlit à vue d'œil. Dorénavant, l'adolescent aux cheveux noirs était plus pâle encore que la lune. Plus pâle que la mort. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas pensé à sa mère. Le rideau s'agitait, comme si quelqu'un était en train d'être étouffé derrière. Mais Aiko n'y prêtait plus attention. Il revoyait sa mère, assise dans le canapé du salon, à coiffer ses cheveux longs et lisses, à y apporter quelques nœuds roses et des nattes. Elle lui faisait une belle coiffure. Un chignon sans doute, ou une coiffure typiquement japonaise. Quelques tremblements secouaient doucement son corps adolescent. Une expression rigide ornait le visage de l'adulte, assise avec sérieux. Et la même expression sur le visage de sa fille. Enfin, son fils. Pour mieux masquer les apparences, il était maquillé en plus. Même si ce n'était qu'un enfant. Ne voulant pas s'en souvenir plus, il secoua violemment la tête en fermant les yeux. Mais quand il les avait rouverts, il était lui-même dans ce salon. Faisant plusieurs tours sur lui-même pour espérer trouver Astrid, la porte, la fenêtre et le décor fabriqué, il eut un vertige. Cette fois, il allait vraiment pleurer. Ce salon était le sien. Avec toute l'intelligence qu'on ne l'avait pas laissé développer, il avait déduit que ce devait être un pouvoir d'Astrid. Même si il n'en était pas sûr. Ca restait une ébauche, un détail, une pensée lointaine dans sa tête où tout se chamboulait.

    Allons, Ai, ne soit pas impolie, une de tes amies est venue te rendre visite. Jouez à la poupée.

    En effet, une petite fille entra dans le salon. L'adolescent y était toujours, les bras ballants le long du corps, le dos un peu vouté, l'air impuissant et stupéfait. Soudain, la colère. Il se sentait énervé. D'une rage sombre et sourde qui n'avait pas de point de naissance particulier. Mais elle montait. La petite fille courait vers lui. Peut-être qu'il la connaissait, il ne savait pas. Ses yeux étaient rivés sur le yukata. Ce yukata. Celui qu'il portait, le jour de la fête de l'école. Ce jour où il avait été maquillé, coiffé, habillé, comme une poupée de porcelaine. De chiffon. La porcelaine était précieuse. Pas lui. Ce jour où on lui avait tiré les cheveux, frappé les joues, tiré dessus pour qu'elle soit parfaite. Qu'il rentre dans cette tenue qui ne lui allait pas. Elle venait de là, sa haine. C'était cette rage qu'il n'avait jamais pu ressentir. Ce sentiment de honte qu'il n'avait pas le droit d'exprimer. Cette colère et ce désaccord qu'il devait refouler. Constamment. C'était aussi ça, qui avait fait naitre Akio. Toute sa vie, il avait été en contradiction avec lui-même. Il se battait contre sa volonté, ses sentiments. Alors sa tête avait dû trouver un moyen de les exprimer, de les expier, de les faire sortir. Alors il y avait eut Akio, qui n'exprimait que ses craintes, ses cauchemars, ses peines, avec la méchanceté et la hargne qu'il voulait déverser sur le monde.

    La petite fille était arrêtée à un petit mètre de lui. Elle souriait. En fait, elle ressemblait beaucoup à Astrid. Aiko le savait. Il le savait. Non, elle le savait. Elle s'était inclinée, pour saluer. C'était des traditions très ancrées au Japon, qu'il avait vite oublié en devenant fou. On le considérait comme un cancre, rien que pour ses manières non soignées. Mais il n'en avait rien à faire, les gens parlaient déjà sur lui de toute manière. Lui, il est resté de marbre. Impassible. Enervé. Son regard accusateur la fixait, la dévisageait. Rancune. Il lui en voulait. Elle avait l'air heureuse. Sûrement seulement l'air. Un air forcé, contrit. Un sourire malheureux. Mais elle l'imitait à la perfection.

    Soudain, la petite fille s'est saisie de son bras. Un sursaut. Elle l'emmenait jouer. Comme le faisaient ses amies filles, il y a longtemps. Jouer avec des poupées, à la dinette, au papa et à la maman. Il voulait arracher les cheveux des poupées, casser la dinette en plastique, assassiner le papa qu'il n'avait pas et frapper la maman jusqu'à ce qu'elle meurt. C'était à ça qu'il pensait, quand elles jouaient avec un sourire. Mais ces pensées là aussi, il les refoulait. Comment aurait-il pu dire à ces petites filles qu'il n'aimait pas ça, alors qu'il en faisait partie ? Comment expliquer à ces choses en robe qu'il voulait grimper dans un arbre, jouer au pistolet à eau, aux fléchettes, aux cartes à collectionner, jouer au foot, frapper ses copains, se mettre les doigts dans le nez, manger des fourmis, voler des bonbons, faire des grosses bêtises, montrer des araignées aux filles, écrire sur leurs poupées, se trainer dans la boue, faire du vélo, courir dans les champs, jouer aux billes, trouer ses habits, regarder Lucky Luke, Star Wars, avoir un sabre laser en bois, se prendre pour Dark Vador, parler comme Maitre Yoda, jouer aux jeux vidéos, se déguiser en Batman, en Superman, roter, tirer les cheveux des gens ? Comment est-ce qu'il aurait pu leur dire ça ? Dire ça à elles avec leurs trop grands sentiments, avec leurs poupées et leurs histoires d'amour puériles entre Ken et Barbie, avec leurs dessins animés sans méchants, avec leur passion pour les fleurs, leur passion de la dinette, leurs rires trop aigus, leurs attitudes trop maniérées, leurs cils trop longs, leurs bracelets de perles et colliers de nouilles. Impensable. Impossible.

    Retrouvant une habitude oubliée, ses pieds avaient suivis le mouvement. Et à présent il était là, devant un mur où tout était gribouillé. C'était un arc-en-ciel. Les sept couleurs de l'arc-en-ciel. Et ce mur, il n'avait pas besoin de trop chercher pour deviner comment il allait finir. L'arc-en-ciel déjà entamé et le pot de peinture qu'elle lui tendait. Apparemment, la petite fille voulait qu'ensemble, ils finissent de repeindre ce mur. Ca ne l'enchantait pas vraiment, dans son énervement.

    - J'ai commencé à faire un arc-en-ciel, un bel arc-en-ciel de toutes les couleurs ! Dis, tu vas m'aider à le finir ? Ne pars pas avant qu'il soit fini, hein ? Tous ensemble, on va faire un arc-en-ciel de bonheur, on sera tous heureux !

    Le pot de peinture était à présent dans ses mains. Et il regardait le mur. Il n'avait pas envie de peindre ça. Il ne voulait pas participer à la folie, se joindre à la danse. Il ne voulait pas aider la petite fille. La colère le faisait trembler. Etrangement, il avait dans les mains le pot de la couleur Indigo. Comme par hasard. La petite fille reprit, pleine d'un entrain malsain :

    - Ca sera tellement mieux qu'avant, avant c'était nul, les couleurs n'étaient pas là... Il n'y avait que du gris partout, c'est triste le gris. Mais nous, on sera heureux tous ensemble ! Soit heureux avec moi, d'accord ?

    Un rire. Un rire qui grinçait. Un rire faux et jaune. Jaune comme le soleil qui ne brillait pas, ici. Un rire noir, comme la folie où ils étaient tous plongés. Aiko était submergé par sa colère. C'était marée haute dans son cœur. Tout était enseveli, ravagé, la raison, le calme. Les bombes explosent, plus ou moins tard. Pour lui, ce devait être maintenant. Violemment, il lança le pot contre le mur. Celui-ci était à semi-ouvert. Il envoya des gerbes d'indigo parsemer l'arc-en-ciel, le tacher. Des gerbes de folie. Son regard était devenu dur. Il se tourna vers la petite fille et la saisit, la soulevant du sol. Il ne savait pas si elle s'était fait disparaitre de ses mains. C'était possible. Il était aveugle à tout. C'était si facile de lui cacher des choses. Sa voix vibrait de colère, on y sentait la haine, et la tristesse :

    - Tu crois vraiment que peindre un mur va rendre heureux ?! Tu crois vraiment que c'est si simple ? Tu crois qu'il suffit de crier au bonheur pour qu'il vienne ?! Tout est noir. L'arc-en-ciel n'existe pas. Il n'existe que dans tes rêves les plus fous, gamine. C'est les cauchemars ici ! On n'est pas dans un conte de fées ! Tout ça n'existe pas ! Tu crois que ça existe, et pourtant non ! Tout ce qu'on touche se transforme en malheur ! Même le soleil est malheureux ! Ca n'existe pas le bonheur, dans la réalité ! T'es perdue dans tes rêves, pauvre folle ! Regarde, regarde ! Ca a l'air joyeux ? On peut pas rendre le monde beau ! Ce qui est hideux le reste ! Ici, y'a pas de deuxième choix, de deuxième chance. T'as pas le choix, on te dit où tu dois aller ! C'est les autres qui décident ! Ceux qui sont perdus dans le malheur ! Ceux qui y ont trouvé leur place ! Nous, on est des gosses, on a rien à dire ! On est rien ! Les fées n'existent pas. Aucun prince n'arrivera. Ken tuera Barbie dans son sommeil. C'est des utopies, tes désirs de bonheur ! Le mur aura l'air rayonnant un instant, puis il deviendra banal et moche ! A quoi ça sert ?! Mais à quoi ça sert de se remplir la tête de ces conneries ?! Tu peux me le dire ?! Hein, Aiko ?!

    Et il s'arrêta. Essoufflé. Son prénom était sorti tout seul. Comme si c'était à lui qu'il s'était adressé, seulement à lui. Il a reculé, lâchant ce qu'il avait ou non dans les mains, et est tombé sur son séant. Ses ongles se sont enfoncés dans le parquet pour qu’il recule encore. C’était peut-être Akio qui avait pris possession de lui ? Il n’en savait rien. Et encore une fois, il avait envie de pleurer. Paniqué, il n’arrivait pas à reprendre son souffle. Si jamais il avait mis Astrid en colère, qu’allait-elle faire ?

    Oh non, non, ne pleure pas petite fille, je ne voulais pas te faire peur...

    Et sa tête éclatait de rire.

    Moi quand j’étais un adolescent, j’ai essayé les vêtements de ma mère.
    Play Boy - Indochine
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message posté le Jeu 3 Juin 2010 - 20:14 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    D’un seul coup, sans prévenir, le visage souriant de la petite fille fut éclaboussé de peinture indigo. Elle ne broncha pas, le regardant toujours de ses yeux pénétrants, comme si elle pouvait voir à l’intérieur de sa tête. Ce qu’elle ne pouvait pas bien sûr, elle ne pouvait qu’interpréter en fonction de ce qu’il avait vécu. Une histoire. Tout le monde a une histoire derrière lui. Ou devant, mais cela ne concernait pas ceux qui étaient arrivés ici. Ils avaient tous un passé bien rempli mais, tant qu’ils ne l’avaient pas décidé, leur futur demeurerait flou.

    « Tu crois vraiment que peindre un mur va rendre heureux ?! Tu crois vraiment que c'est si simple ? Tu crois qu'il suffit de crier au bonheur pour qu'il vienne ?! Tout est noir. L'arc-en-ciel n'existe pas. Il n'existe que dans tes rêves les plus fous, gamine. C'est les cauchemars ici ! On n'est pas dans un conte de fées ! Tout ça n'existe pas ! Tu crois que ça existe, et pourtant non ! Tout ce qu'on touche se transforme en malheur ! Même le soleil est malheureux ! Ça n'existe pas le bonheur, dans la réalité ! T'es perdue dans tes rêves, pauvre folle ! Regarde, regarde ! Ça a l'air joyeux ? On peut pas rendre le monde beau ! Ce qui est hideux le reste ! Ici, y'a pas de deuxième choix, de deuxième chance. T'as pas le choix, on te dit où tu dois aller ! C'est les autres qui décident ! Ceux qui sont perdus dans le malheur ! Ceux qui y ont trouvé leur place ! Nous, on est des gosses, on a rien à dire ! On est rien ! Les fées n'existent pas. Aucun prince n'arrivera. Ken tuera Barbie dans son sommeil. C'est des utopies, tes désirs de bonheur ! Le mur aura l'air rayonnant un instant, puis il deviendra banal et moche ! A quoi ça sert ?! Mais à quoi ça sert de se remplir la tête de ces conneries ?! Tu peux me le dire ?! Hein, Aiko ?! »

    Ce discours lui fit monter les larmes aux yeux, ses lèvres se tordaient comme pour réprimer un sanglot. Ça la rendait triste que Akio pense cela… Surtout que ce n’était pas vrai, tous pouvaient être heureux, ils étaient tous des enfants du bonheur. Chaque enfant qui naît est un cristal d’amour, qui se ternit juste avec le temps. Il suffit de l’astiquer pour qu’il retrouve son éclat d’antan. Et Astrid voulait guérir tous ces cœurs blessés, mais elle devait bien s’amuser aussi !

    « Pourquoi penses-tu ça Akio ? Tu sais, dans le monde réel ou ici, il y a toujours quelqu’un qui dirige alors qu’est-ce que ça change que tu sois ici ou là-bas ? En plus, ici tu as une chance d’être heureux. Mais peut-être que tu ne souhaites pas l’être, tout simplement. Peut-être que tu ne te penses pas assez bien pour avoir droit à ta part de bonheur. De quoi as-tu peur Akio ? »

    La petite fille tendit la paume de sa main face au mur souillé devant elle et la tâche obsédante disparut petit à petit. L’arc-en-ciel derrière n’y était plus. Lorsqu’Aiko comprendrait que sa vie n’était pas inutile, lorsque son cœur passerait de l’indigo à une palette entière de couleurs, le mur serait magnifique. Elle ferma les yeux et se projeta dans le futur, devant ce mur coloré dont elle rêvait chaque nuit. Ses grands yeux s’ouvrirent et elle tourna la tête vers sa petite couleur.

    « Tu ne dois plus avoir peur, je suis là. Je t’aiderais à te battre pour la vaincre, cette peur qui te noue le ventre… »

    Elle regarda attentivement la main qu’elle tenait maintenant serrée dans la sienne. Ni une main d’homme, ni une main de femme. Décide-toi Aiko, qui choisis-tu d’être ? Tu ne pourras pas rester au centre du terrain indéfiniment tu sais ?
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message posté le Lun 7 Juin 2010 - 19:41 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    Tout le monde hurlait. Il voyait les gens se moquer, les ombres se tordre de rire. Il entendait des murmures, des bribes de conversation, des mots saisis au hasard. Des mots qu'on n'était pas censé entendre mais qu'on ne pouvait s'empêcher d'écouter. Des mots hideux, des mots blessants. Des mots d'enfant, des mots d'avant. Des ombres de petite fille en grande robe sur les murs, des nattes qui virevoltaient, des éclats de rire moqueurs, des chuchotements hurlés. Il revivait dans le passé, il revivait avant. Chaque mot l'enfonçait dans la folie, les ombres imaginaires devenaient précises, devenaient rayonnantes d'un bonheur propre à l'enfance. Un bonheur qu'il n'avait pas connu. Tout était faux mais il y croyait. Il était toujours assis par terre. Ses ongles s'enfonçaient toujours dans le sol, et son souffle s'essoufflait un peu plus à chaque seconde.

    Maman, la petite fille là-bas elle est bizarre non ?
    Les filles ! Vous la trouvez pas trop bizarre la nouvelle ?
    Elle est pas belle ! Elle ressemble à rien !
    Quelle drôle de fille...
    Papa ! Elle me fait peur !
    Tu crois que c'est un monstre ?
    Bah... Elle est jolie mais bizarre. On dirait pas une fille. Et elle est bizarre. J'ai peur quand elle s'approche...
    Ahh ! Elle est folle ! Elle m'a tapée ! Il faut l'arrêter ! Je... Maman !
    Mais elle m'a craché dessus...
    Votre fille est sujette à de nombreuses crises de folie furieuse, madame. Je vous prierai de mieux l'éduquer.

    S'en suivait la punition, et le manège recommençait. Toutes les voix se mélangeaient dans sa tête et devenaient un brouhaha informe, une cacophonie. Il avait l'impression d'être encerclé, qu'on lui tournait autour, qu'on le traquait, qu'on le chassait pour le pointer du doigt et le ridiculiser, lui lancer au visage tout ce qu'il avait fait. Tout ce qu'il avait porté. Toutes ces situations humiliantes qu'il traversait avec un grand sourire. Il ne savait pas vraiment, à l'époque. Pourtant, il vivait bel et bien avec une gêne qu'il ne s'expliquait pas. Alors il l'avait ignorée.

    Depuis qu'il avait changé d'univers, qu'il était entré dans ce rêve qui n'était pas le sien, il était sujet à de violentes hallucinations. Tout dans sa tête semblait se confondre, se troubler, tout devenait imprécis, il voyait des choses qui n'existaient pas, revivait des choses qu'il avait à peine commencé à oublier. Avec réalisme et violence. Il y croyait avec force et ne pouvait plus distinguer le vrai du faux. Souvent suite à un choc. C'était quoi qui l'attendait, quand de vrais chocs le secoueraient ? La voix d'Astrid se mêlaient à celle des petites filles, et finalement les dépassa, les écrasa. Enfin, il n'entendait plus que la réalité. Une réalité déplaisante. L'adolescent ne comprenait pas. Tout allait trop vite. Les visions se succédaient sans qu'il sache si il devenait plus fou encore ou si c'était normal. Tout était détraqué depuis que cette clochette avait tout chamboulé dans sa tête. Peut-être que c'était ça ? Il ne savait pas. De toute manière, il se doutait qu'il ne trouverait pas la réponse de suite, alors il oublia. Se concentrant de nouveau sur Astrid, il l'écouta mieux, la regardant et se rasseyant légèrement différemment. Ses ongles avaient quitté le parquet, blessés de quelques échardes et écorchures qui laissaient tomber quelques gouttes de sang. Fixant son attention sur la petite fille, il mit ses doigts blessés dans sa bouche et la regarda fixement, comme un bébé écouterait sa mère raconter une histoire.

    - Pourquoi penses-tu ça, Akio ? Tu sais, dans le monde réel ou ici, il y a toujours quelqu'un qui dirige, alors qu'est-ce que ça change que tu sois ici où là-bas ? En plus, ici tu as une chance d'être heureux. Mais peut-être que tu ne souhaites pas l'être, tout simplement. Peut-être que tu ne te penses pas assez bien pour avoir droit à ta part de bonheur. De quoi as-tu peur Akio ?

    L'enfant haussa un sourcil. Enfin, l'adolescent. Aiko haussa un sourcil parce que ce n'était pas à lui que l'on s'adressait. Par réflexe, il leva les yeux vers son front. Ce qui s'avéra parfaitement inutile, bien évidemment. Personne ne vivait dans sa tête, il le savait pourtant. De quoi avait-il peur ? Il avait peur de vivre. Peur des menaces qu'on lui hurlait dans la tête. Peur de ce passé qui le dévorait à chaque seconde. Peur de ces moqueries qu'il entendait partout. Peur d'être rejeté comme il l'avait été. Peur de devenir un automate, de devenir un pantin, une marionnette que l'on maltraite. Peur d'être arraché à lui-même, peur d'être commandé, peur de ne plus avoir le contrôle de rien, comme avant. Il avait peur qu'on lui impose de nouveau des choix, des décisions. Il avait peur qu'on l'empêche d'exister, lui qui commençait à peine à caresser la vie. Peur des déceptions quand le bonheur n'est plus là. Peur du vide qui le remplit entièrement. Peur des squelettes au fond de son placard. Peur de toutes ces choses qu'on ne lui a pas expliqué plus jeune. Il avait peur de décevoir, comme il avait toujours déçu. Bien sûr qu'il avait peur de tout ça. Le malheur était plus confortable, face à ces craintes qui le dévoraient quand il fermait les yeux. Le mur était redevenu gris, terne. Il était redevenu banal. Ses effusions, ses débordements, sa colère, tout était effacé. Et ça avait laissé place à quelque chose de laid. A son insu, il pensa que sans les ressentis, la vie serait certainement aussi fade que ce mur. A présent assis en tailleurs, il jouait avec le bas de son pantalon en regardant le mur triste et pâle. Gris comme la mort. Dans sa tête, le désert. Après la tempête, le calme plat. Et il redevenait un enfant. Un enfant qui n’avait pas grandi. Avec des attitudes d’enfant et une expression d’enfant. Il arborait en effet une expression propre à la jeunesse. Un air étonné de tout, béat. Il ne pensait plus à rien. A force de penser trop vite, il ne pensait plus du tout. Astrid avait de nouveau tourné la tête vers lui, et il avait également la tête tournée vers elle. Sa bouche s’ouvrit et il s’escrima à lire sur ses lèvres, comme si il était sourd ou qu’il ne comprenait pas. Il trouvait ça drôle.

    - Tu ne dois plus avoir peur, je suis là. Je t’aiderai à te battre pour la vaincre, cette peur qui te noue le ventre...

    Et en parlant, elle avait saisi sa main délicate et virile. Il l’avait laissée faire, la suivant des yeux calmement. Elle serrait sa main. Heureusement pour elle, les quelques gouttes de sang étaient déjà tombées. Et lui observait cette main, cette main qui n’avait pas de sexe. Tout chez lui était aséxué. Aséxué et hermaphrodite. Il n’avait pas de sexe et pourtant était les deux. D’ailleurs, son corps avait cessé de réellement se développer. Jamais il n’avait éprouvé de désir violent au niveau du bas-ventre. Cette chose était comme inexistante et il n’en voyait pas l’utilité. Il savait juste que ça faisait de lui un garçon. Si il avait été une fille, il n’aurait certainement pas eu ses règles. Pourtant il avait la taille et la forme d’un adolescent normal, quoique très effeminé. Juste au niveau sexuel, il était resté bloqué. Même si au niveau mental, il n’était pas non plus totalement sûr. Comment faire pour se défaire d’une peau et en retrouver une autre ? Il devait faire peau neuve, c’était certain. Mais c’était peut-être déjà trop tard, maintenant que la folie l’avait rongé.

    Toujours avec cet air profond des enfants, Aiko s’est levé. Quelques minutes, il a regardé Astrid, et il a lâché sa main. Pas avec un grand mouvement violent. Avec calme et sans geste brusque. Il s’est avancé vers le grand mur gris, consciencieusement. Aiko a posé ses deux mains sur le mur, le regardant comme si son regard allait le changer. Comme si, de la simple puissance de ses yeux, il avait pouvoir changer la face du monde. Comme si lui, à son simple niveau, pouvait changer le cours du temps. Un rêve commun à tous les rêveurs. On ne prend pas leurs rêves à ceux qui aspirent à la liberté. Après avoir vu qu’il ne pouvait pas refaire le mur, il se retourna vers la petite fille. Il ne savait plus ce qu’il était. Fille ou garçon ?

    Ma jolie petite fille... Ma puce, ma belle, tu m‘avais oublié ? Oh chérie, cela me peine. Tu t‘es oubliée ? Tu as oublié qui tu étais ? Ta maman ne sera pas fière de toi. Et papa ne rentrera pas. Tu vas rester toute seule à la maison. Je vais partir aussi. Tu seras seule, dans le silence. Et je reviendrai te hanter. Je reviendrai, ma chérie. J‘espère que tu ne m‘auras pas oublié. Que tu m‘auras fait de la place. Mais bien sûr, tu es repoussante. Personne ne t‘approchera. Toute seule. Seule. Seule. Seule.

    Un violent frisson parcouru l’adolescent. Il s’était figé face à Astrid, stupéfait. Léger mouvement de tête et il reprit contenance. S’avançant vers Astrid, il se posta près d’elle, plongeant son profond regard dans celui, bien plus profond, de son vis-à-vis. Il ouvrit la bouche pour parler, répondre à ses questions. Mais, préférant esquiver le sujet, comme toujours, il se décala et observa la pièce. Regardant les détails si précis et pourtant fictifs, il demanda d’une voix calme, posée, sans un soupçon d’énervement. Il était, pour l’instant, calme.

    - Comment tu fais tout ça ? Comment tu arrives à extraire des souvenirs, des pièces entières, pour les reproduire en faux, en factice ? Pour nous donner toutes ces illusions ? Comment tu as acquis tous ces pouvoirs ? Je trouve ça très intriguant. C’est vrai quoi, c’est des vrais talents d’illusionistes. De la pure magie. C’est fascinant. Avec quoi tu as fait ça ? Avec ta tête ? Quelle puissance. Et dans la réalité, on est juste disparus ? On a des avatars abandonnés un peu partout ? Ceux de tes victimes ? Enfin de tes couleurs, tes jouets ? En fait, nous ne somme que ça. Des couleurs. C’est pire que des chiffres, tu sais. M’enfin, bon. C’est cool.

    L’adolescent mourait d’envie de partir dans un long monologue sur l’injustice d’être traité comme une couleur. Mais finalement, il s’était ravisé et avait simplement conclu sur une formule typique des adolescents qui ne savaient plus quoi dire. Après tout, elle n’allait peut-être même pas répondre à ses questions, pourquoi aller se plaindre ? Aiko n’aimait pas se plaindre. Il trouvait ça dévalorisant. Alors il ne se plaignait pas.

    Gémis, ma belle, gémis tant que tu le peux. Gémis de ta belle voix erraillée. Geins, parce que tu le mérites. Vas-y, pleure.

    Non, il ne se plaindrait pas. Elle ne gagnerait pas.

    Quand on me soule d’imposture ou d’amnésie.
    C'est dit - Calogero
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message posté le Mer 16 Juin 2010 - 16:44 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    « Comment tu fais tout ça ? Comment tu arrives à extraire des souvenirs, des pièces entières, pour les reproduire en faux, en factice ? Pour nous donner toutes ces illusions ? Comment tu as acquis tous ces pouvoirs ? Je trouve ça très intriguant. C’est vrai quoi, c’est des vrais talents d’illusionistes. De la pure magie. C’est fascinant. Avec quoi tu as fait ça ? Avec ta tête ? Quelle puissance. Et dans la réalité, on est juste disparus ? On a des avatars abandonnés un peu partout ? Ceux de tes victimes ? Enfin de tes couleurs, tes jouets ? En fait, nous ne somme que ça. Des couleurs. C’est pire que des chiffres, tu sais. M’enfin, bon. C’est cool. »

    Un enchaînement de questions, comme une grande symphonie désordonnée faute de chef d’orchestre. Astrid écouta chacune de ces paroles se déverser hors de la bouche de l’adolescent. Un adolescent lâche par ailleurs, qui préférait changer de sujet dans l’espoir de faire oublier les questions qui risqueraient de faire basculer l’équilibre précaire qu’il avait instauré dans sa tête. Très bien, puisqu’il voulait des réponses, il en aurait. Elle sourit étrangement, comme un rictus pour s’empêcher de rire.

    Elle fit un pas en arrière et plaça ses mains devant elle. Elle ferma les yeux et entendit dans sa tête une douce mélodie, la mélodie des réponses. Question, réponse, question, réponse… Comme dans un morceau musique. Dans leurs têtes résonnaient les questions, et les réponses s’insinuaient comme des échos sournois entre celles-ci.


    « Comment tu fais tout ça ? J’imagine. Comment tu arrives à extraire des souvenirs, des pièces entières, pour les reproduire en faux, en factice ? Pour nous donner toutes ces illusions ? Rien n’est faux, rien n’est vrai, je n’extrais rien, vous imaginez, c’est tout. Comment tu as acquis tous ces pouvoirs ? Le temps est mon ami. Je trouve ça très intriguant. Tu as le droit. C’est vrai quoi, c’est des vrais talents d’illusionnistes. De la pure magie. C’est fascinant. Je prend cela pour un compliment. Avec quoi tu as fait ça ? Avec ta tête ? Plutôt ce qu’il y a à l’intérieur… Quelle puissance. Et dans la réalité, on est juste disparus ? Cela dépend de quelle réalité tu parles. On a des avatars abandonnés un peu partout ? Des enveloppes corporelles abandonnées, ça s’appelle être mort, non ? C’est une théorie intéressante. Ceux de tes victimes ? Je n‘ai tué personne, à ma connaissance. Enfin de tes couleurs, tes jouets ? Tout est une question de point de vue. En fait, nous ne somme que ça. Des couleurs. C’est pire que des chiffres, tu sais. Tu trouves ? M’enfin, bon. C’est cool. »

    Elle était intriguée. Il faut dire qu’à la première écoute, elle n’avait pas vraiment fait attention au contenu du discours, s’intéressant au rythme et à la sonorité des mots plutôt qu’au sens. Maintenant que le morceau était terminé, que ses mains étaient retombées, que ses yeux voyaient de nouveau le triste décors autour d’elle, elle s’interrogeait. Elle les avait pourtant sauvés, pourquoi trouvaient-ils encore à se plaindre ? La vie qu’elle leur offrait était tellement plus belle !

    « Tu trouves… Mais… Dans les couleurs, il y a toujours des nuances tu sais ? Il y a des millions de milliards de couleurs différentes ! C’est juste pour mieux vous reconnaître que je vous attribue une couleur, mais au fond, tu peux être celle que tu veux ! »

    Il y avait un ton suppliant dans sa voix, comme celui d’un enfant qui a besoin d’être rassuré. Elle avait un peu peur en fait, peut-être avait-elle mal fait ? Mais non, c’était impossible, c’est juste un caprice de couleur pour la déstabiliser, c’est tout. Elle se trouva fort fâchée de s’être fait avoir de la sorte, elle crispa ses petit poings d’enfant et ses yeux devinrent durs comme la glace.

    « Tu… Tu pensais vraiment que je tomberai dans ton piège ? Tu savais pertinemment que ce choix était le meilleur, et tu as cherché à me faire douter !! Méchante, méchante couleur ! »

    Elle s’était mise à crier, cette méchante couleur avait réussi à la mettre en colère, tout ça à cause de la merveilleuse symphonie qui sortait de ses lèvres. Elle s’était montrée faible, transportée par ce flot de notes qui pouvait sembler irrégulier dans un premier temps mais qui était en réalité parfaitement agencé pour la tourner au ridicule ! Les larmes de honte coulaient le long de ses joues, comme les notes avaient coulé dans sa tête, fleuve coloré. Si cette méchante couleur osait faire un pas de plus dans sa direction, elle l’enfermerait dans sa chambre jusqu’à l’heure du dîner pour la punir, et ferait tout pour son malheur. Non, elle ne la ferait pas disparaître, pas encore tout du moins. Car elle ne pouvait s’empêcher de l’apprécier, cette couleur à la voix d’arc-en-ciel…

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message posté le Sam 19 Juin 2010 - 16:12 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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Arrondir les choses, les mots, adoucir les voix, les expressions. Esquiver les questions, dériver les sujets, oublier de répondre, parler d'autre chose, sourire gentiment. Faire semblant de n'avoir rien entendu, comme si on ne parlait de rien. Parler d'un ton doux et calme, ne rien laisser transparaitre des émotions, des ressentis. Tout camoufler et mentir. Se mentir. Continuer dans le mensonge, le creuser à mains nues pour le rendre plus profond, plus étroit. S'y enfermer pour se protéger, et s'étouffer dedans. Se tuer lentement, éviter le monde, fermer les yeux, ne rien sentir, se replier dans sa carapace. Disparaitre aux yeux des autres, s'effacer, s'oublier, oublier. Ne plus penser, ne pas se souvenir, se détester, se mépriser, comprendre les autres, leur en vouloir, ne rien dire. Ne pas savoir, ne pas choisir, jamais décider. Rester au milieu, opportuniste. Menteur, spongieux. Eponger les remarques, les critiques, les laisser couler avec les larmes, oublier de répondre, de s'offusquer. Eponger les conflits, frapper pour faire du mal. Se faire du mal. Regarder le monde mourir, regarder les gens sourire, être intrus, en trop. Vouloir partir. Ne pas le faire. Remonter. Apprécier timidement, se sentir bien. Découvrir le bonheur en piqûres, en pack de 100. Sentir tout plus fort, sourire pour de vrai, rire de bon coeur. Se laisser bercer par une illusion doucereuse, se laisser avoir. Être tendrement pris au piège, inconsciemment. Tomber dans l'amour, oublier l'amitié. Désirer plus, sans savoir quoi. Vouloir des frissons, la peau qui court sous les doigts. Vouloir sentir, respirer un autre parfum et s'en gaver jusqu'à l'ivresse. Garder ça pour soi, autant qu'on le peut. Laisser le piège se refermer, et le bonheur s'amoindrir. Besoin de plus. Regarder avidement, vouloir le dire. Se faire humilier, détester, tuer. Retourner le poignard dans la plaie, inlassablement. Poignard doré, aux allures d'allié. Se perdre dans ses fantômes réapparus, errer pendant longtemps.

Disparaitre.

Et les questions restaient en suspens, pendant que la petite fille tendait ses mains devant elle, fermait les yeux et reculait d'un pas. L'adolescent aux cheveux ébènes fronça les sourcils. Ce n'était pas vraiment une manière de répondre à des questions. Ceci dit, il en avait posé tellement qu'il n'attendait presque pas de réponses. De toute façon, voulait-il seulement des réponses ? Voulait-il seulement savoir ce qu'étaient vraiment les réponses à tout cela ? Sans doute pas. Un mystère résolu n'a plus rien d'intéressant. Même si parfois, les mystères sont trop effrayants pour être cachés. Trouver la solution, la réponse, l'aboutissement, le secret d'un mystère, c'est détruire un but, perdre un rêve à défaut de vraiment le réaliser. Quelle satisfaction de découvrir des réponses, petit à petit, sans jamais en voir le bout. Voir le bout c'est tomber dans le vide. Non, Aiko ne voulait pas retomber dans le vide. Il ne voulait pas vivre de nouveau dans une pièce noire, sans mystère ni sortie, sans intérêt ni sécurité.

Mais ce n'est pas toi qui a les clés, Ai.

Silence pesant. Et bientôt, toujours dans le silence le plus complet, la petite fille répondait à ses questions et les rappelant. Tout s'enchainait comme une musique, une mélodie inlassable, languissante.

- Comment tu fais tout ça ? J’imagine. Comment tu arrives à extraire des souvenirs, des pièces entières, pour les reproduire en faux, en factice ? Pour nous donner toutes ces illusions ? Rien n’est faux, rien n’est vrai, je n’extrais rien, vous imaginez, c’est tout. Comment tu as acquis tous ces pouvoirs ? Le temps est mon ami. Je trouve ça très intriguant. Tu as le droit. C’est vrai quoi, c’est des vrais talents d’illusionnistes. De la pure magie. C’est fascinant. Je prend cela pour un compliment. Avec quoi tu as fait ça ? Avec ta tête ? Plutôt ce qu’il y a à l’intérieur… Quelle puissance. Et dans la réalité, on est juste disparus ? Cela dépend de quelle réalité tu parles. On a des avatars abandonnés un peu partout ? Des enveloppes corporelles abandonnées, ça s’appelle être mort, non ? C’est une théorie intéressante. Ceux de tes victimes ? Je n‘ai tué personne, à ma connaissance. Enfin de tes couleurs, tes jouets ? Tout est une question de point de vue. En fait, nous ne somme que ça. Des couleurs. C’est pire que des chiffres, tu sais. Tu trouves ? M’enfin, bon. C’est cool.

En fait, aucune de ses questions n'avait obtenu de réponse. Et même si il se réjouissait de rester dans cette brume incompréhensible, il se sentait frustré qu'elle ait pénétré dans sa tête pour n'apporter que des commentaires évasifs. Si elle faisait ça n'importe quand, cela pouvait devenir très dangereux. Si sa voix se rajoutait à Akio, si ses hallucinations se rajoutaient à celles qu'il avait déjà, que deviendrait-il ? Une question néanmoins avait trouvé une réponse. Une réponse qui n'en était pas une, mais qui avait le mérite de l'intriguer. Il était mort ? Là-bas, il était mort ? Mort ou disparu. Et ce qui l'ennuyait là-dedans, était le fait que, finalement, personne n'irait sans doute à sa recherche. L'une des seules personne à avoir connaissance de son existence devait s'escrimer à l'oublier. Aiko, lui, n'en avait pas envie. Oublier ces quelques moments trop courts, ces rares instants où le rire lui arrachait des larmes, ces moments où les sourires n'étaient plus factices, ces instants où rien n'était grave, où il était invincible ? Non. Comment pouvait-il oublier ça ? Néanmoins, se souvenir de ça impliquait de se souvenir du reste. Ce refus si vif, qui était peut-être la cause de son arrivée ici. Elle l'avait envoyé là alors qu'il s'égarait dans les rues, non ? Il avait envie de croire que c'était de sa faute. Parce qu'il fallait un coupable, et qu'il avait envie de lui en vouloir. Cette pensée le fit claquer des dents. Et le coup résonna longtemps dans sa tête. Il avait, une nouvelle fois, mordre férocement son chewing-gum. Quel goût avait-il, dans sa tête ?

Le goût du sang, non

Et ce ton si supérieur, si hautain. Comme si il était stupide, comme si il était incapable de comprendre. Comme si il était un bébé à qui on dit n'importe quoi mais qui sourit quand même. Mais le bébé, lui, ne comprend pas. Alors que lui, si. Enfin... ?

- Tu trouves… Mais… Dans les couleurs, il y a toujours des nuances tu sais ? Il y a des millions de milliards de couleurs différentes ! C’est juste pour mieux vous reconnaître que je vous attribue une couleur, mais au fond, tu peux être celle que tu veux !

La voix de la fillette avait quelque chose de suppliant. Comme si elle voulait se persuader qu'elle avait raison, comme si elle ne voulait pas voir le mal qu'elle pouvait faire. Elle avait raison, mais ils étaient classés tout de même. Elle se cherchait des excuses, des raisons, elle voulait se laver les mains, se blanchir, devenir pure, comme si tout était sain et normal. Comme si être considéré comme une couleur était un bien et pas un mal. Néanmoins, si chez l'adolescent la colère ne se faisait pas sentir, la petite fille, elle, semblait fulminer. Aiko la regardait avec intérêt et appréhension. Les gens énervés lui faisaient peur. Malgré tout, il se demandait ce qu'allait faire Astrid. Après tout, elle avait le monde à ses pieds. Ses bras fins, pâles et fragiles, se croisèrent sur son torse en attendant la suite. Toute son attention était fixée sur la fillette et il n'entendait pas ce que sa tête disait. Il avait adopté, sans s'en rendre compte, une posture assez féminine. Les bras croisés, l'air sérieux, le bassin qui se tend sur le côté, qui se démarque, qui se montre, et les jambes légèrement écartées, pour assurer son appui. En attente de la suite. De dos, ou même de face, peu de gens auraient reconnu un homme.

- Tu… Tu pensais vraiment que je tomberai dans ton piège ? Tu savais pertinemment que ce choix était le meilleur, et tu as cherché à me faire douter !! Méchante, méchante couleur !

La gamine hurlait à présent, et des larmes de rage semblaient couler le long de ses joues. Un peu surpris, Aiko avait eu un sursaut, un léger sursaut. Il se demanda ce qui avait provoqué ce revirement de situation. Apparemment, elle devait avoir elle-même des hallucinations. Pourtant, il ne pensait pas. Mais il ne voyait pas ce qu'il avait pu dire, peut-être à son insu, pour l'énerver à ce point. Elle semblait dans une colère noire alors qu'il n'avait fait qu'énoncer ses pensées. Quel choix ? Jamais l'adolescent n'avait eu conscience de faire un tel choix. La seule raison pour laquelle il avait "choisi", était qu'il voulait juste le silence, avant que sa tête n'explose. Et de nouveau, elle le traitait comme une couleur, comme un chiffre, un rien. La colère lui avait fait oublier son prénom et il était redevenu couleur. Secouant légèrement la tête, l'adolescent s'approcha du mur et se tourna vers la fillette.

- Tu aimerais, toi, qu'on t'appelle par un nom de couleur ? Regarde ce mur, il est fade, il est laid, il est d'une seule et unique couleur. Une couleur ennuyante. Une couleur plate, sans personnalité. Et si cette couleur est plate, c'est parce qu'elle n'est qu'une seule couleur. Si quelqu'un t'appelait "Grise", tu apprécierais ? Je n'en suis pas sûr. Si tu crois que tu n'as fait que du bien, reste dans ce mensonge. Ce n'est pas grave. Sans doute que l'on peut se refaire, se reprendre. Mais toi, Grise ? Peindre les autres des couleurs de l'arc-en-ciel ne t'aidera pas à changer celle de ton âme. Des nuances ? Oui, il y en a. Cependant, jouer dans ces nuances, c'est y rester enfermé. Y rester cloisonné. Pour un jour y mourir. On ne peut pas rester enfermé dans un rêve trop longtemps.

L'adolescent parlait d'une voix calme, d'un ton oscillant entre l'aigu et le grave, entre le viril et le féminin, ajoutant les intonations, les exclamations. Il parlait d'une voix pleine de maturité, pleine d'une sagesse anormale. Son regard était fixé sur l'enfant, et il s'était rapproché doucement d'elle, pour finalement poser sa main sur son épaule. Avec recul et aplomb, il analysait la situation. Pourtant, il aurait voulu crier contre elle, qu'ils crient ensemble si il le fallait. Sortir toute cette rage. Cette rancœur qui enflait, qui pourrissait à l'intérieur.

Allons, idiote, tu ne connais rien de la vie. Tu n'as rien à dire. Tu es trop bête. Une bête, une bête. Trop bête.

Sans le vouloir, Aiko agrippa violemment l'épaule, y plantant ses ongles avec intensité. Les rares moments de calme se devaient d'être animés par cette stupide voix qui ne voulait pas le lâcher, qui ne voulait pas comprendre qu'elle allait le tuer. Son regard s'était durci et ses traits s'étaient tendus. Se faisant violence, il enleva sa main de l'épaule et la laissa retomber le long de son corps avec lenteur. Une lenteur tendue qui se retenait d'imploser. Sa respiration était sèche, forte. Il semblait prêt à trembler d'énervement. Pourtant il restait là, à regarder cette gamine sans savoir comment repartir.

Arrête ton cinéma, un peu.

Soupir.

Des tas de certitudes pour désirer encore
Pas l'indifférence - J.J Goldman
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Astrid Age : 30
Humeur : Changeante.

Astrid


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message posté le Dim 27 Juin 2010 - 10:14 dans Re: It's ringing in my head. [Astrid]
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    Les larmes, les larmes roulaient, coulaient, tombaient. Elle devait être pathétique, le jeune garçon devait bien se moquer d’elle derrière son masque. Elle se demanda pourquoi les larmes faisaient si mal, puisque ce n’était que de l’eau. Mais lui, il ne devait certainement pas ressentir cette douleur. Non, il jouait avec elle en réalité. Comme elle, jouait avec eux. C’était donc cela, il voulait jouer. Sans que ses larmes ne cessent, un sourire s’inscrivit sur son visage. Elle regarda le garçon parler, sans vraiment l’écouter.

    « Tu aimerais, toi, qu'on t'appelle par un nom de couleur ? Regarde ce mur, il est fade, il est laid, il est d'une seule et unique couleur. Une couleur ennuyante. Une couleur plate, sans personnalité. Et si cette couleur est plate, c'est parce qu'elle n'est qu'une seule couleur. Si quelqu'un t'appelait "Grise", tu apprécierais ? Je n'en suis pas sûr. Si tu crois que tu n'as fait que du bien, reste dans ce mensonge. Ce n'est pas grave. Sans doute que l'on peut se refaire, se reprendre. Mais toi, Grise ? Peindre les autres des couleurs de l'arc-en-ciel ne t'aidera pas à changer celle de ton âme. Des nuances ? Oui, il y en a. Cependant, jouer dans ces nuances, c'est y rester enfermé. Y rester cloisonné. Pour un jour y mourir. On ne peut pas rester enfermé dans un rêve trop longtemps. »

    Elle souriait toujours lorsqu’il posa sa main sur son épaule, elle était ailleurs. « Grise ». C’était un beau nom. Peut-être que c’était cela, elle était grise. Grise comme un nuage gonflé d’eau qui s’apprête à la faire pleuvoir sur un village asséché, grise comme la fumée d’un incendie ravageant une de ces villes si polluées, grise comme un entre-deux. Entre le noir et le blanc. Elle n’était pas méchante. Elle n’était pas aussi pure qu’un agneau qui vient de naître pour autant. C’était bien.

    Elle était calme à présent, et le calme apparent du jeune homme avait disparu. Comme s’ils avaient échangé les rôles. Elle avait un peu mal à l’épaule, là où il avait posé sa main. Elle posa son regard sur ses ongles qui s’enfonçaient dans sa chair. Il jouait avec elle, oui, il acceptait de jouer avec elle. Et il jouait avec lui-même. Il se battait des deux côtés, l’un souhaitant déchirer sa peau de part en part et y laisser une marque indélébile, l’autre tentant de se contrôler. C’est l’autre qui gagna. Toujours son sourire aux lèvres, elle le félicita :


    « Tu as fait des progrès à ce que je vois ! »

    Elle posa sa main sur son épaule meurtrie et la douleur s’en alla. En fait, elle n’avait jamais souffert. Même quand ses larmes coulaient, pareilles à des lames de verre, elle n’avait pas souffert. À présent, elle ne savait même plus ce que c’était, la douleur. Quand nous ne sommes plus soumis à elle, on oublie facilement à quel point c’est difficile. Alors elle le regarda souffrir sans comprendre. Il ne devait pas l’oublier, il devait jouer avec elle ! Doucement, elle posa sa petite tête d’enfant sur son torse. Elle devait l’aider à ne plus se battre contre lui-même, pour qu’il puisse jouer avec elle. Elle le regarda dans les yeux avec un air profondément exaspéré et approcha sa main de sa tête.

    « … Tu veux de l’aide ? »

    Pas besoin d’expliquer, il comprendrait. Et s’il ne comprenait pas, tant pis pour lui. Elle le laisserait jouer tout seul au jeu du « je ne sais pas qui je suis ». Et elle le regarderait jouer, c’était presque tout aussi amusant.
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