Toujours, la forêt ravive en moi des souvenirs douloureux. Toujours, je crois apercevoir les boucles dorées des cheveux de ma mère derrière un arbre ou au travers d’un feuillage rougis tel l’automne arrivé. Pourquoi es-que, une fois de plus, je m’étais aventuré dans se labyrinthe de verdures ? Décidément, il faut vraiment que j’arrête de courir après des fantômes…
Il me semble que la nuit tombe, l’air se fait plus frais tout à coup, et les ombres s’étendent sur le sol. Cela doit faire une bonne après-midi que je marche, à la recherche de quoi ? De rien…De solitude peu être…
Je laisse un instant mon esprit divaguer a ses souvenirs, je revois mon ancienne maison, l’Allemagne, la guerre, les soldats, ma mère se disputant avec mon frère, la nouvelle de mon père mort au combat, l’arrivée de Lucas, et…Ma mère, au sol, mon frère qui la regarde, puis qui ME regarde, qui me parle et qui…
Je suffoque, non, je ne veux pas me rappeler de ça, non, non, non ! Tout autour de moi reviens, la forêt, le chant des oiseaux, l’odeur de feuille morte… Je calme doucement ma respiration paniquée, c’est fou dans quel état je peu me mettre juste en songeant a mon passé. Mes joues sont froides et humides, et je me rends compte que j’ai pleuré, je m’essuie les joues d’un revers de manche, et un frisson m’envahie. L’air devient vraiment glacial.
Le vent porte une plainte, une plainte d’enfant perdu…
« E'zael ? A'lys-chan ? »
Cette voix, si petite, si faible, si apeurée…Comment ne pas lui porter secours ? Et si j’allais voir ? Mais j’ai peur, j’ai peur de voir le fantôme de Lucas m’appeler pour m’emmener dans l’autre monde…J’ai peur de la mort alors qu’elle ne pointe même pas le bout de son nez. Mais qu’importe, j’irais, et si je dois mourir, alors je mourrais…
Entre les branchages des buissons épineux, il me semble apercevoir une silhouette frêle, un jeune garçon…Ou une fille…Qui pleure et qui appelle quelqu’un…Qui se bouche les oreilles comme pour éviter qu’on lui réponde.
« Lucas ? » Murmurais-je avant de me mordre les lèvres. Bien sur que non, ce n’était pas Lucas…
Alors, je me fraie un chemin entre les ronces, non sans y laisser quelque plume et je m’approche de lui, ou d’elle, tout doucement…Je pose, doucement, tout doucement, ma main sur son épaule…
« Euh….Tu est perdu ? Je…Je peu t’aider ? » Bredouillais je, troublé par sa présence.
Après une courte période de silence, je décide de continuer…
« Mon nom c’est…Maximilian…Et…Et toi ? »
Pourquoi ne puis-je empêcher ma voix de trembler ?