Il avançait, laissant derrière lui la grande ville-foraine où il était autre fois, une ville festive, joyeuse et peut-être innocente aux premiers abords mais pas du tout à son goût effectivement, la ville lui rappelait New York. Il détestait plus qu'au monde cette ville et malheureusement pour lui, il devra bien repasser par là plus tard, ne serait-ce que pour rapporter ce qu'il a promis à un de ses scrupuleux marchands. Au fur et à mesure de sa marche, le béton devînt terre, les plaines devinrent arbres, le ciel quant à lui, restait de même. Un sombre ciel d'un bleu foncé sur laquelle on aurait tapissé des milliers et des milliers d'étoiles, une lune en forme de croissant trouvait sa place auprès d'elles, comme une mère et ses enfants... Enfin, d'une certaine manière, tout dépendait du comment on regardait et sous quel regard. En fait, il marchait encore et encore, sans répits toujours tout droit, les arbres défilaient, les lucioles et les fées semblaient faire une valse poétique dans sa marche comme si elles suivaient ses pas et qu'elles lui offraient leur protection. Bien évidemment cela ne pouvait être qu'une simple impression mais une impression qui réconfortait, qui disait qu'il ne serait plus seul, qu'il ne le sera plus jamais. Et d'un côté, il y avait une part de vérité...

En réalité, Ekzael en avait marre, marre que cela se finisse toujours comme ça, marre de finir seul, d'être abandonné par autrui. Enfin bon, peut-être que c'était sa nature intérieure qui repoussait les gens, il ne le savait pas vraiment mais il ne tarda pas plus qu'une trentaine de secondes sur ce songe, continuant toujours et encore son chemin jusqu'à repérer le lac... Il secouait sa tête en évitant de repenser a elle, cette gamine qui l'avait tant bercer... Il ne pouvait que s'en vouloir après tout, il l'avait abandonné, lui qui lui avait promis de ne jamais le faire... Voilà, c'était peut-être ça le problème du vert... Il ne tenait que rarement ses promesses, non. Il avait du mal à les tenir. Il essayait du mieux qu'il pouvait pour se réconforté, faisant tout pour se soutenir lui-même, ne voulant pas perdre son moral pour un souvenir mais à la vu de ce lac, s'en était trop... Il pleura. D'un geste violent il jeta son masque loin de lui s'adossant à un arbre tout en repensant aux bons moments qu'il avait passé avec cette gamine... Si seulement il pouvait retourner en arrière, ne serait-ce que pour ce rêve... Pour elle.

Puis, il sentit une main sur son épaule droite, un geste qui se voulait amical, qui montrait sa compréhension. Une paume bien trop grande pour que ce soit celle de Candy mais qui alors ? Il observa cette personne : cheveux de neige, yeux ambres, uniforme militaire...

« C'est bon là, ta finis de chialer ? »

Il soupira tout en essuyant ses larmes.

« Franchement Ellio, faut toujours que tu viennes quand je n'ai pas besoin de toi... »

Il laissa échapper un rire, Ekzael souriait.

« Aller, dit moi qu'est-ce que tu fous ici à une heure aussi tardive ? »

« C'est moi qui devrait te poser cette question... »

Il haussa les épaules.

« Je me promenais, c'est tout. »

Il le regardait tout en s'aidant de la main que l'officier lui avait tendue pour se relever.

« J'ai besoin d'aller au fond du lac, pour une ville sous-marine, enfin, c'est ce qu'on m'a dit. »

Il riait à nouveau, à croire qu'il était de bonne humeur.

« Cette ville n'existe pas ! C'est quelque chose d'iréel, qu'on essaye de nous faire croire Ekzael ! Je veux dire, comment tu peux croire à ça ? »

Ekzael regarda un instant le lac.

« Parfois, ce qu'on croit mirage peut devenir réel, il suffit juste d'avoir la volonté d'y croire... »

Ces dires n'eurent guère de sens aux yeux de l'officier, il le voyait bien à sa manière de l'observer et sa façon de l'aborder n'était que peu plaisante pour celui-ci. Qu'avait-il contre ce genre de phrases ? Était-ce un problème de dire ce qu'on pensait ? Ekzael n'avait pas l'âme d'un philosophe, du moins... Il ne le faisait pas exprès, c'était un peu comme un réflexe, il parlait harmonieusement sans y prêter attention. Le vert soupirait un cours instant, tout en regardant Ellio qui en avait pas encore finit avec lui.

« - Tu sais, moi je promenais tranquillement dans cet endroit, quand je t'ai vu en train de chialer, alors je me suis dis que j'irais t'offrir une bière Ekzael mais tu vois, tu me casses les couilles avec tes paroles de merde. Et juste, une chose, pourquoi tu pleurais ? Tu t'es fais plaquer ? Ta mère te manque ? Ta tes règles ? »

Il n'y répondait pas, il en avait pas envie en tout cas... Pas sur ce ton, peut-être qu'Ekzael perdait son temps avec l'orange, peut-être qu'il avait espéré trop vite, croyant que celui-ci avait changé depuis la dernière fois mais non, non et non, il avait eu tords. Après tout, on ne peut pas changer les personnes d'une simple volonté... Ou du moins, pas en ce qui concernait Ellio. Il en était déçu mais à quoi bon cela lui servait-il de pleurer sur le sort d'un homme qui ne comprenait pas Ekzael ? C'était comme avoir pitié d'une mise à mort d'un tueur en série, ce n'avait que peu de sens à moins d'en perdre la raison. À ce qu'il en savait, il en était pas encore ici...

« - Qu'est-ce qui te fait croire une chose pareille en fait ? Qui t'en a parlé ? Ou c'est juste ton petit coeur qui ta dit qu'il y avait quelque chose au fond de ce lac ? »

Il regardait attentivement le prussien, leur deux regards ambré se croisait sous un ciel de pleine lune, il haussa les épaules, le regard quémandeur.

« Pourquoi t'y intéresses-tu aussi soudainement ? À ce que je sache, il y a pas même une minute tu te foutais de moi. »

Il se mit dos à Ellio, le regard nostalgique, dirigé vers la forêt, oui... C'est vrai, qu'est-ce qui lui faisait autant croire que cette ville sous-marine existait ? Qu'est-ce qui lui donnait l'intuition de se dire qu'au fond de ce lac, il y avait un trésor, un trésor caché de tous ? Le vert souriait honnêtement, presque amicalement à l'officier, posant sa main sur l'épaule de celui-ci, le regardant droit dans les yeux.

« Tu sais... Ce qui me fait croire une telle chose Ellio, c'est qu'on n'est pas dans un monde comme le notre, du moins... L'ancien, on est plus sur terre, on est ici, dans cet endroit, dans ce rêve oserais-je dire... Et tu sais bien que dans un rêve, rien n'est impossible et tu vois ça, c'est ce qui me donne cette foie, la foie que sous ce petit lac, il y a quelque chose de majestueux, de magnifique, d'inimaginable... »

Puis, d'un coup de pression, il fit valsé Ellio dans l'eau toujours se sourire amicale orner sur ses lèvres.

« Je te laisse testé en premier ! »