Un papillon. Deux papillons. Trois papillons. Quatre papillons. Je suis un papillon. Je vole, sans contrainte au-dessus des fleurs. Ce sentiment d'exaltation. Cette ivresse. Cette allégresse. Je veux voler jusqu'à la fin, jusqu'au bout, je ne veux plus jamais m'arrêter. Je me sens bien. Je crois que si je voulais toucher le ciel, il me suffirait de lever les yeux.

Mes yeux s'ouvrent brusquement. Ma vision se trouble, je vois des milliers de mouches multicolores voler dans tous les sens pendant quelques secondes, puis elles partent et laissent place au sourire d'Atsuki. Je peine à lui rendre un sourire, encore dans une transe procurée par mon rêve. La luminosité ne me gêne pas, au contraire. Elle me berce, elle me réveille doucement, et je relève doucement la tête. Je n'entends pas vraiment ce que me dit Atsuki, mais je répond : "Oui, oui.". Ma voix rauque me surprend moi-même. J'esquisse finalement un vrai sourire.

Une jolie quantité de feuille bleutées s'est déposée sur moi pendant cette nuit. J'en ai même une dans les cheveux. Je dois être pathétique à voir. Je rougis, en espérant qu'Atsuki ne devine pas mon mal-être. Brrrrh ! Le froid vient doucement se frotter à ma peau et vient contribuer à l'état quelque peu cahotique de mes cheveux. Oh non ! Quelle honte ! Bon, tentons de faire bonne figure. Je me redresse, je sors de... euh... de mon hamac ? Je ne me rappelle même plus m'être couché. Je sais que je suis... dans une forêt. Dans un rêve. Tiens ! Ca alors ! On peut rêver dans un rêve ? C'est pour ça qu'on rêve aussi bien, alors ? Il faudra que je demande son rêve à Atsuki, à l'occasion. Mes pieds nus touchent le sol, l'un tremble fortement au contact de l'herbe verte, l'autre ne ressent qu'une sensation de bien-être. Comme tous les matins.

"Ca fait longtemps que tu es réveillé ?"

Ma voix rauque me surprend moi-même. Et je manque de rire en m'imaginant à l'heure actuelle. Je ferai fuir n'importe quelle créature aussi onirique soit-elle dans un état pareil.